Le champion du monde de F1 2009 Jenson Button, est revenu pour Sky Sports sur une période de sa vie où il pensait que sa carrière allait s’arrêter prématurément en 2008.
Lorsque Honda a décidé de se retirer de la Formule 1 fin 2008, Jenson Button pensait vraiment que sa carrière de pilote de F1 était terminée. Mais le pilote britannique est allé de surprise en surprise en seulement quelques semaines. Il retrace avec vous ce moment si particulier de sa carrière.
La mauvaise nouvelle
« J’ai toujours été un fan de Noël. Mais celui de 2008 ne figure pas sur la liste des meilleurs jours de Noël de tous les temps. » explique Jenson Button.
« Je me souviens bien, j’attendais mes bagages à l’aéroport lorsque j’ai reçu un SMS de mon responsable Richard qui disait « appelle-moi s’il te plaît ». Ce n’est jamais le message que vous attendez de votre responsable. »
« Ce n’est jamais agréable de recevoir ce message de quiconque. J’ai finalement pris ma valise sur le tapis, j’ai pris le téléphone et j’ai appelé Richard. »
« Je suis vraiment désolé de te donner cette nouvelle, mais tu ne courras pas avec Honda en F1 en 2009. » – « Mais j’ai un contrat ! » – « Oui, mais ils se retirent du sport. »
« Je lui ai donc demandé quelles options il restait, et il m’a dit « aucune pour le moment ». Donc, après m’être préparé pour entamer ma saison 2009, je me suis effondré, pensant que cela pourrait être la fin de ma carrière. »
« Nous pensions avoir la voiture et le bloc moteur parfaits pour 2009 mais de toute évidence, compte tenu de la crise mondiale et plus particulièrement au Japon, ils pensaient que ce serait une mauvaise chose de courir en 2009. C’était une période étrange dans ma vie parce que je courais depuis neuf ans en Formule 1 et je n’ai eu qu’une victoire en 2006, ce qui n’était certainement pas suffisant. »
Un baquet disponible chez Toro Rosso
« Donc, à ce moment-là, je cherchais un moyen de courir en 2009 et il y avait quelques options. La principale était peut-être de courir avec Toro Rosso. ll y avait un baquet disponible mais c’était la seule véritable option disponible en F1 en dehors de courir avec l’équipe désormais devenue Brawn. »
« Qui sait ce qui ce serait passé si Brawn n’avait pas existé en 2009. Nous étions en communication avec Franz Tost, le patron de Toro Rosso, qui a déclaré qu’il y avait une possibilité de courir pour eux – ce qui était une belle option. Même si je savais que cela ne m’apporterait pas de victoires en course à ce moment-là. »
« J’étais prêt. J’avais 29 ans et j’étais prêt à gagner des courses et à me battre pour des championnats. Avoir deux ou trois années de plus à se battre dans le groupe intermédiaire n’était pas ce dont j’avais besoin à ce moment-là. »
« J’aurais pris n’importe quel baquet en F1 à ce moment-là, mais pour moi le gros effort consistait à pousser pour que la voiture de Brawn soit en piste. »
« Évidemment, ça ne s’appelait pas Brawn à l’époque. Nous ne savions pas comment elle s’appellerait, si elle existerait ou qui la financerait. Nous recherchions donc, Richard et moi-même, un sponsor, des partenaires ou des personnes pouvant acheter l’équipe, et nous sommes restés en contact avec Nick Fry et Ross Brawn pendant des semaines. »
La naissance de Brawn GP
« Finalement, ils m’ont dit : « tu n’as plus besoin de chercher, on reprend l’équipe ». Je me souviens d’être entré à l’usine quand cela a été annoncé que nous allions courir en 2009 et que l’équipe allait s’appeler Brawn GP. »
« Tout le monde était content, parce qu’ils pensaient tous ne pas avoir de travail en 2009. Et soudain, tout le monde était prêt pour fabriquer une voiture. Je me souviens d’avoir regardé Ross [Brawn] et de lui avoir demandé si nous serions prêts pour les essais hivernaux. Nous ne pourrions peut-être pas participer à toutes les journées, peut-être que le dernier jour. »
« C’était juste wow ! Je ne pensais pas que ce serait une voiture si rapide. Je voulais juste être sur la grille et travailler avec toute cette équipe avec laquelle je travaillais depuis tant d’années. »
« Depuis 2003, j’ai d’abord travaillé avec BAR, Honda puis Brawn GP. L’atmosphère était donc vraiment familiale. »
Le début des tests
« Nous sommes allés à un shakedown à Silverstone – il n’y avait personne d’autre là-bas, ils étaient déjà tous en phase de test en Espagne et nous avions cette petite tente sur le circuit de Stowe à Silverstone. »
« Je ne sais pas si nous ne pouvions pas nous permettre le circuit complet ou quoi, mais nous avions ce petit circuit pour conduire où les gens ont appris à conduire des voitures de route, sous une tente. Quand cette voiture a démarré pour la première fois, avec son nom sur le côté, je pense que ce fut un moment assez émouvant pour Ross et toute l’équipe. »
« J’ai sauté à l’intérieur, mis les ceintures de sécurité et je me sentais déjà chez moi, je suis parti en piste pour un tour d’installation, je suis rentré immédiatement, tout s’est déroulé parfaitement. »
« Après un tour d’installation, vous passez toujours 10 à 15 minutes d’arrêt à vérifier que tout va bien, mais il me semblait que c’était trois heures parce que je voulais juste revenir dans cette voiture et voir ce qu’elle pouvait faire. »
« Finalement, j’ai pu ressortir, le changement de vitesse était lisse, la pédale de frein m’est venue rapidement. Avec une nouvelle voiture, vous avez toujours de petits problèmes, mais nous n’avons eu aucun problème avec cette voiture. »
« J’ai donc quitté ce test de shakedown avec le sourire aux lèvres, sachant que c’était agréable de conduire et que nous n’avions aucun problème. »
Les premiers tests à Barcelone
« J’ai piloté la voiture, la Brawn GP 01, lors des derniers essais officiels à Barcelone. Tout le monde roulait déjà depuis des jours. J’ai sauté dans la voiture, je suis sorti, j’ai signé un temps, et je me souviens être revenu et avoir dit à Shov [Andrew Shovlin] ingénieur en chef chez Mercedes, que tout semblait aller bien, sauf des problèmes de sous-virage. »
« Il m’a alors regardé en souriant. « Pourquoi souris-tu autant? » lui ai-je demandé. Il a alors dit: « Parce que ton premier tour a été six dixièmes plus rapide que quiconque depuis le début de ces essais. Tu plaisantes, n’est-ce pas? Il a dit non. »
La suite, nous la connaissons. La Brawn GP01 a remporté le championnat du monde avec Jenson Button à son volant dés sa première saison.
L’écurie a ensuite été rachetée par Mercedes en 2010, qui est devenue depuis l’écurie que l’on connaît actuellement et qui domine largement la catégorie reine du sport automobile depuis cinq saisons maintenant.