Le désormais ancien team principal de l’équipe AlphaTauri (anciennement Toro Rosso), Franz Tost, est revenu un peu plus en détail sur sa première rencontre avec Max Verstappen et la façon dont il a poussé pour que ce jeune homme totalement inconnu du grand public à l’époque puisse arriver en Formule 1.
Après avoir entendu parler d’un certain Max Verstappen qui faisait des étincelles en Karting, Franz Tost a rencontré le principal intéressé pour la toute première fois en 2013 lorsque son père Jos l’a emmené sur un circuit de Formule 1 au Nürburgring en Allemagne. Franz Tost et Jos Verstappen sont ensuite restés en contact et, alors que Max Verstappen pilotait en Formule 3 un an plus tard, Red Bull avait déjà le Néerlandais en ligne de mire.
Franz Tost se souvient qu’il regardait toutes les courses de Formule 3 à cette époque et qu’il avait déjà été impressionné par le jeune Max Verstappen : « Cette année-là, j’ai regardé toutes les courses de Formule 3 à la télévision. » explique l’Autrichien dans un entretien accordé à Formule1.nl.
« Elles étaient toujours en direct le samedi, je ne me souviens plus exactement sur quelle chaîne c’était diffusé, mais ce n’était pas le dimanche : elles étaient ensuite retransmises plus tard. La course la plus impressionnante, du moins à mon avis, c’était Max au Norisring. Je m’en souviens bien : la piste était mouillée, il pleuvait. »
« Comme vous le savez, un tour au Norisring est court : cela prend moins d’une minute. Pourtant, Max était une ou deux secondes plus rapide que les autres. C’était incroyable, il s’est envolé sous la pluie. C’était très impressionnant. Cela m’a immédiatement rappelé une course de Michael Schumacher en Formule Ford au Salzburgring dans les années 1980. Il a gagné celle-là sur piste mouillée. »
Après cette course disputée sous la pluie au Norisring, Tost savait que Verstappen était prêt à passer directement à la Formule 1 malgré son jeune âge; l’Autrichien a donc appelé Helmut Marko, qui s’occupe des jeunes pilotes dans le giron Red Bull.
« Pour moi, il était clair que je voulais Max dans notre voiture en tant que pilote et non en tant que pilote d’essai. Vous savez, quand Max a fait ses débuts lors des essais du vendredi, il n’avait que 17 ans. De nombreux « experts » ont dit que c’était beaucoup trop tôt. Ce à quoi j’ai répondu : pas pour Max Verstappen. »
« Parce qu’il n’est pas un passager dans la voiture, comme on le voit souvent chez les nouveaux arrivants, il pilote la voiture. La façon dont il contrôlait la voiture, la maîtrisait complètement… c’était extraordinaire. Croyez-moi, si cela n’avait pas été le cas, il n’aurait pas été dans la voiture. »
« Dans ce cas, j’aurais alors dit : ‘Va piloter d’abord un an en Formule 2’. Mais j’étais convaincu à cent pour cent que nous pouvions faire passer Max directement de la Formule 3 à la Formule 1. La vitesse n’était pas du tout un problème pour Max non plus, il s’y est tout de suite habitué. Un pilote de son niveau peut sans problème passer à une voiture plus rapide : en 15 tours, il a tout sous contrôle. »
A bonne école
Pour Franz Tost, l’un des secrets de Max Verstappen est d’avoir reçu les bonnes bases dès son plus jeune âge avec son père Jos – ancien pilote de F1 – qui a enseigné à son fils tout ce qui était nécessaire : « Jos a enseigné à Max tout ce dont il avait besoin lorsqu’il était jeune, il a fait un travail fantastique. » a poursuivi Tost.
« Je ne sais pas si Max aurait atteint le même niveau sans Jos. Il aurait probablement fini en Formule 1. Mais serait-il aussi rapide et performant qu’il l’est aujourd’hui ? J’en doute. Après tout, le processus d’apprentissage est si important pour un pilote dès son plus jeune âge. Tout ce que l’on apprend entre sept et douze ans est crucial dans ce sport. Cela permet de s’habituer à tout, cela vient naturellement et on n’a pratiquement plus besoin d’y penser. »
« Jos a élevé Max à un haut niveau. Bien sûr, le succès en kart a également aidé Max à atteindre ce niveau. Et il est très passionné, cela se voit dans les courses en simulation. Il passe parfois des heures dans le simulateur à courir contre d’autres : on ne peut le faire que si on aime ce sport. Cela se voit : il vit pour la course. »
Le plus jeune pilote en F1
A seulement dix-sept ans, Max Verstappen s’est retrouvé du jour au lendemain catapulté en Formule 1 dans un milieu qu’il ne connaissait pas ou peu. Lorsqu’on demande à Tost si Toro Rosso a dû adapter sa façon de travailler en accueillant un pilote si jeune à l’époque, l’Autrichien répond : « Pas question. Max était très jeune, c’est vrai. Mais nous n’avons pas fait les choses très différemment des autres pilotes. »
« Il a reçu le même traitement normal que tout autre pilote ayant les capacités de piloter en Formule 1. Je veux dire par là : vous pouvez piloter ou vous ne pouvez pas. Bien sûr, cela représentait un défi pour l’ingénieur [de course] et la direction […]. Avec Max, tout s’est bien passé, il est très facile à vivre. »
« On peut prendre ce moment à Spa [en Belgique en 2014, ndlr] quand il a été annoncé en tant que pilote avec nous. Il y avait plus de médias que pour tous les autres pilotes réunis ce jour-là. Mais Max savait comment gérer cela, et là aussi, il a beaucoup appris de Jos. Je ne me souviens pas que des choses inattendues se soient produites dans sa première année avec nous. Max était déjà assez complet en tant que pilote, il n’y avait presque rien de nouveau ou quoi que ce soit d’autre qui l’ait vraiment surpris. »
Trop rapide pour la voiture
En 2014, Max Verstappen a participé à trois séances d’essais au volant d’une F1 et Tost a pu s’apercevoir lors des ces tests à quel point le jeune Néerlandais était rapide : « Le premier test de Max a eu lieu sur le circuit d’Adria [en Italie, ndlr] pour avoir les sensations d’une voiture de Formule 1. »
« Ensuite à Suzuka, il a participé au GP du Japon lors des premiers essais libres et plus tard, à São Paulo et à Abou Dhabi. Je me souviens exactement de ce qui s’est produit à Abou Dhabi lors des essais : il s’est crashé immédiatement dans l’un des premiers tours. »
« Et je savais aussi pourquoi : Max était tout simplement trop rapide pour la voiture. A São Paulo, il allait aussi très vite. A un moment donné, je pense dans le premier virage, il a failli perdre la voiture. Mais la façon dont il l’a ensuite rattrapée et récupérée était fantastique. Il n’y a pas eu de tête-à-queue, rien du tout. Pour moi, il est devenu clair une fois de plus qu’il avait le niveau pour piloter pour nous l’année suivante. »
En 2015, Max Verstappen participe à sa première saison en Formule 1 avec Toro Rosso. Cette année-là, le Néerlandais impressionne tous les observateurs alors qu’il a terminé douzième au championnat du monde. L’année suivante, Red Bull crée la surprise en remplaçant le Russe Daniil Kvyat par Max Verstappen en plein milieu de saison à la veille du Grand Prix d’Espagne.
Le dimanche en course, Max Verstappen remportera son tout premier Grand Prix de Formule 1 au volant de la Red Bull et entrera encore un peu plus dans l’Histoire en devenant le plus jeune vainqueur en catégorie reine…