On vous parle souvent des données recueillies lors des séances de roulage en Formule 1, mais savez-vous vraiment à quoi servent toutes ces données ?
En 2019, le nombre de données recueillies en Formule 1 par chaque équipe est tout simplement colossale, notamment grâce à la connexion sans fil, la fibre ou encore les réseaux satellites.
Une technologie qui n’existait pas il y a de cela 50 ans, et qui a donc inévitablement changé la donne en Formule 1.
« Il fut un temps où les seules données que nous avions étaient le chronomètre, le temps au tour et le commentaire du pilote. » explique Chris Dyer, responsable de la performance chez Renault à Autocar.
« Au tout début, nous étions très limités en données. Au fil du temps et de la technologie, la quantité de données que nous obtenons a augmenté de façon exponentielle. De toute évidence, le chronomètre et le pilote restent des sources de données importantes, mais la quantité des données a augmenté de façon exponentielle. »
« Je pense que la Formule 1 dépend aujourd’hui à 100% des données à tous les niveaux. Tout ce que nous faisons maintenant est basé sur les données, chaque décision que nous prenons est basée sur les données. C’est absolument essentiel pour chaque décision de performance prise. »
Savoir interpréter les données
Dans les faits, Chris Dyer affirme que plus vous en saurez sur le fonctionnement de votre voiture, plus vous en comprendrez les points forts et les points faibles.
« De toute évidence, les données en elles-mêmes ne constituent pas un facteur direct de performance. Les données en elles-mêmes ne feront pas que la voiture aille plus vite. C’est ce que nous faisons avec ces données qui est important. »
Désormais, les Formule 1 modernes génèrent chacune des centaines de giga-octets de données au cours d’un seul week-end de Grand Prix.
Tout est mesuré en temps réel désormais – la façon dont l’air circule sur la voiture; températures du moteur, des freins et des gaz d’échappement; les charges supportées par les pneus ou la carrosserie de la voiture en raison des différentes forces qu’une voiture subie; rien – pas même une rafale de vent, un millimètre de correction de la direction, un coup de frein inopiné, un effleurement de la pédale d’accélérateur – ne passe inaperçu. Il n’y a pas d’angle mort en Formule 1.
Des données analysées en temps réel
Toutes ces données sont recueillies par plus de 200 capteurs installés sur chaque voiture et sont transmises en temps réel au garage des stands et aux usines de l’équipe à Enstone et à Viry pour le cas de Renault, mais cette procédure est également valable pour toutes les autres écuries de la grille.
« Dès que les données arrivent dans le garage, dans la voie des stands, nous commençons à les traiter. » déclare Pierre d’Imbleval, responsable de l’information chez Renault.
« Nous avons donc un centre de données dans le garage, exécutant environ 160 machines virtuelles, serveurs virtuels, avec de nombreux algorithmes pour décrypter les données brutes que nous sortons de la voiture. »
« Et l’inverse est également valable, si nous perdons la connexion avec l’usine, la piste dispose d’une puissance de calcul suffisante pour obtenir les principaux résultats nécessaires. »
Mais le secret pour une bonne interprétation des données recueillies en piste réside dans la faculté de chaque équipe de convertir ces données en graphique et en diagrammes faciles à comprendre, mais également pour attirer l’attention des ingénieurs sur les anomalies, ce qui pourrait indiquer un problème imminent dans des ensembles de données qu’ils n’auraient pas regardé.
« Si vous pouvez analyser le plus rapidement possible et trouver les bonnes données ou les données erronées, vous obtiendrez probablement un avantage concurrentiel. » a déclaré Nathan Sykes, directeur des données chez Renault.