Les trois jours de tests de pré-saison sont désormais terminés et l’équipe championne du monde en titre Mercedes a conclu ses essais hivernaux de manière inhabituelle avec seulement 304 tours bouclés (dernier du classement en termes de kilométrage) avec sa nouvelle W12 qui ne donnait pas l’impression d’être une voiture bien équilibrée.
La Mercedes W12, vue au cours de ces trois jours de tests à Bahreïn, semblait être une voiture peut-être un peu trop extrême en termes de solutions introduites pour récupérer une partie de l’appui perdu avec la nouvelle réglementation qui limite l’appui aéro sur le fond plat et le diffuseur des nouvelles monoplaces.
Les solutions aperçues pour la première fois sur la W12 au cours de ces tests nous ont montré le travail réalisé par James Allison (directeur technique de Mercedes) et ses équipes, qui visent à récupérer le déficit d’environ 10% de l’appui sur l’arrière.
Par rapport aux images dévoilées par Mercedes lors de la présentation de la W12 il y a quelques semaines, nous avons pu voir ce week-end la version « officielle » du fond plat et sa coupe en diagonale à l’arrière, rétréci d’environ 10 cm par rapport à 2020 comme le stipule la réglementation.
La version assez basique aperçue lors de la présentation a été remplacée par une version beaucoup plus élaborée. Sur le plan technique, la partie la plus interessante concerne la partie la plus en avant du fond plat, là où débute la découpe diagonale, à 1800 mm de l’axe de la roue avant.
Le bord extérieur du fond plat a une forme très ondulée – qui n’a pas été vue sur les autres monoplaces durant ces essais hivernaux – et avec un deuxième étage qui s’étend sur toute la longueur. Dans la partie la plus en arrière, il y a une sorte de marche, qui laisse couler le flux librement jusqu’à l’arrière du fond plat.
Cette solution est très interessante et doit avoir pour objectif de gérer le flux d’air de façon optimale après la réduction d’une partie du fond plat sur l’arrière.
Nous avons également pu remarquer une forme assez similaire sur l’Aston Martin AMR21 développée par les équipes d’Andrew Green (directeur technique d’Aston Martin) et qui reste dans la lignée du concept aérodynamique de la Mercedes, mais moins extrême que celui de la W12.
À l’arrière du fond plat de la Mercedes, en revanche, un travail aérodynamique a été réalisé pour réduire la traînée induite par l’impact de l’air avec la roue arrière, en recherchant autant que possible un effet de délavage. À cet égard, les aérodynamiciens de Brackley ont adopté sur la W12 une série de dérives sur le bord le plus en arrière du fond plat, précisément pour déplacer le flux d’air vers l’extérieur de la roue arrière autant que possible.
Les dérives que nous voyons sur le dessin ci-dessous sont reliées entre elles par un plan horizontal supérieur, pour accentuer encore l’effet de déviation des tourbillons aérodynamiques.
Il est également possible de remarquer les trois ailettes qui se trouvent juste avant la partie supérieure du diffuseur arrière (Mercedes est la seule équipe à utiliser trois éléments), qui gèrent le flux entre l’extérieur et l’intérieur de la roue, pour essayer d’éloigner l’air de la bande de roulement lorsque la voiture roule ou passe sur les vibreurs.
Il est également bon de noter que la Mercedes W12 a une carrosserie étroite et un capot moteur qui remonte assez haut dans la zone arrière avec la carrosserie enveloppant la boîte de vitesses et le différentiel dans la partie inférieure.
Mercedes est assez extrême dans ses solutions, et la recherche de la récupération de l’appui perdu grâce à un rétrécissement de la carrosserie dans la zone inférieure, a créé de nombreux problèmes de fiabilité pour la nouvelle boîte de vitesses comme on a pu le constater lors des essais avec une W12 bloquée au garage dès le premier jour, alors que Aston Martin a également rencontré des problèmes de transmission.
Le travail des ingénieurs de Brackley s’est également concentré sur le diffuseur, autre domaine revu par le nouveau règlement pour réduire son efficacité aérodynamique.
Le nouveau diffuseur vu sur la W12 présente différents changements dans les dérives internes, plus courtes de 50 mm par rapport au plan de référence de la voiture: les ailettes de la zone la plus interne sont plus courtes, mais ont été divisées en de nombreux éléments de manière très extrême par rapport aux autres équipes.
Les ailettes internes (surlignées en jaune) sont d’un nouveau concept par rapport à la W11 de 2020, tandis que deux petit ailerons (flèche) ont été ajoutés dans la zone la plus externe de l’extracteur.
Les problèmes de stabilité de la W12 vus lors des tests hivernaux à Bahreïn sont une conséquence directe d’un arrière très « paresseux » comme aiment le dire les pilotes.
Lewis Hamilton et Valtteri Bottas ont été vus durant ces essais avec un train arrière qui perd soudainement l’adhérence en plein milieu du virage, provoquant plusieurs sorties de piste et des tête-à-queue. Les interventions aérodynamiques à l’arrière de la monoplace ont été très extrêmes et ont probablement rendu la voiture instable.
Il est toutefois bon de noter que les conditions de la piste à Bahreïn, très sale à cause de la tempête de sable le vendredi, ont probablement accentué les problèmes d’équilibre de la Mercedes W12, qui se sont toutefois légèrement améliorés le dernier jour des essais.
Désormais, l’équipe championne du monde en titre va devoir analyser toutes les données récoltées durant ces tests, et dans deux semaines, nous verrons si Mercedes a entièrement résolu les problèmes de fiabilité et de stabilité, même si le doute subsiste toujours sur le fait que Mercedes n’a pas voulu montrer son réel potentiel, surtout en termes de puissance moteur.