L’équipe Alpine a développé une F1 2024 « complétement nouvelle »

20 janvier 2024
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Alpine F1
Esteban Ocon sur le circuit de Miami au volant de son Alpine A523

En tant que directeur technique d’Alpine, Matt Harman explique comment l’équipe du constructeur français va tenter de renverser la situation cette année avec son A524 après une campagne 2023 compliquée au terme de laquelle Alpine a terminé à la sixième place au championnat du monde.

Avec seulement 120 points marqués en 22 Grands Prix, 2023 n’a pas été une saison facile pour Alpine qui – malgré les deux podiums décrochés par Esteban Ocon à Monaco et Pierre Gasly à Zandvoort – a laissé filer de gros points tout au long de l’année, notamment à cause de plusieurs abandons. 

Pour ne rien arranger, les performances pures de l’A523 n’étaient tout simplement pas au rendez-vous, d’autant que la fenêtre de fonctionnement était si étroite que ni les pilotes ni les ingénieurs n’auront réussi à exploiter tout le potentiel de cette machine.

« Je pense que nous avons été un peu dépassés sur le plan aérodynamique par certaines autres voitures. » confie Matt Harman dans un entretien accordé au site du championnat.

« Nous avons gagné du terrain en début de saison sur les personnes que nous ciblions, mais certaines équipes ont fait un pas plus important que nous. Cela est en partie lié à la charge pure sur la voiture, au développement pur, et à la quantité d’appui que nous sommes capables de mettre sur la voiture. »

« Cela provenait en partie de la compréhension d’extraire [la performance] de la voiture et la manière dont nous la pilotions. Des expériences ont été menées tout au long de l’année pour essayer d’aller au fond des choses. Une partie a été visible, d’autres ne l’ont pas été. Nous espérons utiliser cet apprentissage pour essayer d’obtenir un résultat plus positif cette année. »

« Nous n’avons pas vraiment maîtrisé la voiture avant la deuxième, troisième, voire quatrième épreuve. » poursuit Harman. « Cela ne nous ressemble pas du tout. Nous disposons d’une équipe d’ingénierie très compétente en bord de piste, et qui est en collaboration avec l’usine, mais il nous a fallu un certain temps pour comprendre. »

« Ce n’était pas parce que c’était difficile, c’était parce que la fenêtre [de fonctionnement de la voiture] était très étroite, il a donc fallu faire un compromis. C’est compliqué. Vous arrivez sur un circuit où le pilotage est important, mais nous ne pouvons pas pousser la voiture à cause de la perte de performances. »

« Nous n’avons pas fait aussi bien que sur l’A522 [de la saison 2022]. Nous avons connu une excellente année cette année-là. Chaque fois que nous abordions le développement de la voiture, nous augmentions la charge et nous enlevions beaucoup de poids à la voiture. Il y avait beaucoup de performances à la clé. »

« C’est devenu plus délicat [en 2023]. Il fallait entrer plus dans les détails et nous devions être prudents dans la manière dont nous investissions l’argent. Je ne pense pas que cette année [2023] a été aussi réussie qu’avec l’A522. »

Une A524 complétement nouvelle

Alpine F1 Abou Dhabi
Les deux Alpine dans la voie des stands à Abou Dhabi

Partant de ce constat, Alpine a pris la décision de repartir quasiment d’une feuille blanche en ce qui concerne le développement de l’A524 de la campagne 2024 et Matt Harman a insisté sur le fait que la différence sera visible lorsque cette dernière sera présentée le 07 février.

« La voiture [2024] est complétement nouvelle de l’avant à l’arrière. Vous allez pouvoir voir cela d’un bout à l’autre de la grille car la voiture doit durer quelques années, alors que nous regardons vers l’avenir [avec 2026 et la nouvelle règlementation en ligne de mire]. » a indiqué Harman.

Et côté moteur ?  

L’autre point noir de l’Alpine lors de la saison 2023 a été son manque de puissance moteur face à la concurrence, un déficit qui a coûté cher à l’écurie du constructeur français tout au long de la saison mais qui ne pourra malheureusement pas être réduit car le développement des unités de puissance en Formule 1 est gelé jusqu’en 2025. 

Alpine peut seulement apporter des mises à jour en lien avec la sécurité et la fiabilité du bloc Renault V6 Hybride, ce qui ne devrait pas suffire selon Harman : « Nous disposons de la technologie et la capacité nécessaires pour placer le groupe motopropulseur là où nous souhaitons qu’il soit. » insiste Matt Harman.

« Mais nous avons manqué de temps avec le RE22. Nous avons été très courageux avec ce moteur. Ok, nous sommes en retrait par rapport à ce que nous aurions souhaité, mais avant, nous étions loin. Nous avons fait un grand pas en avant, mais nous n’y sommes pas encore parvenus suffisamment. »

« Nous ne pouvions pas prendre plus de risques que ce que nous avons fait. Cela aurait été bien de le débloquer [en termes de puissance] un petit peu plus, mais au final, il est également important de noter que nous avons une autre unité de puissance à faire pour le moment [le moteur 2026]. C’est une priorité majeure pour l’équipe et c’est là que nous voyons notre avenir. »

« Nous avons finalement pris la décision de nous concentrer sur l’avenir, et nous nous occuperons de cette unité de puissance [celle de 2026] au cours des deux prochaines années en essayant d’éliminer certaines des pertes et en faisant tout ce que nous pouvons faire dans le cadre des règlementations. »

« Nous nous concentrons sur l’avenir et les règlements 2026, ainsi que sur les voitures que nous devons fabriquer d’ici là. Nous avons de grandes idées pour cela. Nous avons également un gros programme sur les deux sites [Viry et Enstone] pour améliorer les capacités et les fonctions. »

Même si l’accent est mis sur 2026, Alpine sait qu’il y a encore beaucoup de choses à apprendre de cette saison et de la suivante. Lorsqu’il est devenu clair que l’A523 n’était pas le bon modèle, les gars d’Enstone ont pris l’initiative de consacrer des ressources à la monoplace de cette saison – et espèrent ainsi pouvoir faire des progrès en 2024 après avoir terminé la saison dernière à la sixième place au championnat du monde des constructeurs.

11 Comments

  1. je comprends mieux pourquoi les pilotes parlent de quitter le team en général un pilote c’est pour gagner des courses et si ils ont aucune chance en 2024 et 2025 et attendre 2026:qui je pense est pas une certitude autrement dire que leurs politiques de fonctionnement est complètement aléatoire dommage pour les photos qui méritent beaucoup plus

    • Combien d’écuries sont en mesure de faire mieux ? et de faire gagner des courses sérieusement, l’an dernier à part RB et une autre par hasard.
      Le role d’un pilote est avant tout, conduire, pour beaucoup le podium est deja un grand espoir.

  2. Du coup a te suivre il ya pas de solution possible avant 2026 ,faut pas être pressé avec alpin un GP en 2035 peut être 🤞😉

    • (Je suppose que tu me réponds)
      « Pas de solution avant 2026 »
      Il y a certainement quelques petits progrès à chercher à droite à gauche mais faudra pas espérer un bon de performance à la Mc Laren par exemple.
      En revanche en 2026 avec les moteurs hybrides thermiques-électriques où ils pourront choisir la puissance à répartir entre les unités de puissance je pense vraiment que Renault pourra revenir dans la course.
      Ils font parti des précurseurs dans le tout électrique depuis longtemps, et ils sont aussi très bons dans l’hybridation moteur thermique-électrique.
      D’ailleurs quand on lit entre les lignes l’interview de Matt Harman c’est bien le « story telling » attendu 😉
      J’espère et j’aimerais beaucoup me tromper ❤️

      • si on comprend bien ils manquent de puissance moteur mais ils ont travaillé sur l’aero et attendent 2026 pour faire évoluer leur unité de puissance il ne faut donc attendre une progression dans le classement du championnat et comme la concurrence n’est pas en retard ils vont stagner voir régresser pendant les deux années qui viennent

  3. Quand vous avez un déficit de puissance il n y a qu’une seule solution, réduire la trainée, en matière d’aéro j’vois pas comment ils peuvent faire mieux, et comme d’habitude l’ultime solution c’est de réduire l’appui, mais vous perdez en vitesse de passage en courbe.
    J’ai bien peur que la saison à venir soit un copié/collé de la saison précédente, à savoir qu’Alpine performera sur les circuits où la puissance n’est pas reine.
    Exit Monza, Spa, etc
    En fait il y a une autre solution, c’est réduire le poids, le fameux LIR de Colin Chapman, mais en F1 il y a un poids mini réglementaire 😓

    • De ce qui se dit sur les sites italiens, Renault a 30cv de retard sur Ferrari et Mercedes, mais seulement 5cv sur Honda.

      • C’est bien tout le problème, mis à part Red Bull (Honda certes), toutes les autres équipes devant sont motorisées Ferrari ou Mercedes.

    • Pourquoi laisser croire que ce sera mieux cette année alors que tout le monde sait que, quels que soient les progrès, ils ne pourront compenser le déficit moteur ? Ce discours ne peut qu’entraîner des désillusions. Je ne vois pas l’intérêt.

      • Pour leur « visibilité », le sponsoring, et les amateurs qui regardent la F1 comme on regarde du Foot sans aller dans le fond de la discipline.
        Après il y a 24 GP, et heureusement, tous les Circuits ne sont pas des circuits de puissance pure, comme ils ont un bon châssis, faut garder espoir qu’il y aura quelques belles courses 😉

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Cesare Ingrassia

Cesare Ingrassia est le directeur de la publication du site d'actualités sur la Formule 1, F1only.fr et du site La Chaine Renault. Véritable passionné, Cesare Ingrassia est accrédité par la FIA et la F1 et se déplace de paddock en paddock pour vous offrir une couverture totale de chaque événement tout au long de la saison.