Petrov : « Sans la Russie, les titres sportifs ne sont pas valables »

23 janvier 2023

L’ancien pilote de F1, Vitaly Petrov, juge inacceptable la décision prise par la FIA en 2022 d’interdire aux athlètes russes de participer à des compétitions internationales sous la bannière russe.

En 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le CIO (Comité International Olympique) a annoncé que les athlètes russes et biélorusses ne pourraient pas participer à des compétitions internationales. Cependant, la FIA n’a pas suivi ces recommandations puisqu’elle a autorisé les pilotes russes à participer à des compétitions internationales à condition de courir sous bannière neutre.  De plus, la FIA a indiqué qu’aucune compétition internationale ne sera organisée en Russie et Biélorussie jusqu’à nouvel ordre.

Dans la foulée de cette annonce, la Fédération Automobile de Russie (RAF) a jugé cette décision « discriminatoire » et a tenu à rappeler à la FIA son obligation de neutralité : « La FIA doit promouvoir la protection des droits de l’homme et de la dignité humaine et s’abstiendra de toute discrimination fondée sur la race, la couleur de peau, le sexe, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique ou sociale, la langue, la religion, les convictions philosophiques ou politiques, l’état civil ou le handicap dans le cadre de ses activités et de prendre toute mesure à cet égard. » pouvait-on lire dans un communiqué de la RAF.

Suite aux décisions de la FIA, le seul pilote russe de la grille en F1 – Nikita Mazepin – avait donc été autorisé à concourir pour la saison 2022 à la seule condition que ce dernier court sous bannière neutre. Mais l’écurie Américaine Haas – pour laquelle Mazepin courait en Formule 1 – avait alors décidé de se séparer de son pilote avec effet immédiat, ainsi que de son sponsor principal, la société russe Uralkali appartenant au père de Mazepin.

« Haas F1 Team a choisi de mettre fin, avec effet immédiat, au partenariat en titre d’Uralkali et au contrat de pilote de Nikita Mazepin. Comme le reste de la communauté de la Formule 1, l’équipe est choquée et attristée par l’invasion de l’Ukraine et souhaite une fin rapide et pacifique au conflit. » avait indiqué l’équipe en février 2022 dans un court communiqué pour justifier son choix.

A l’époque, Nikita Mazepin a vivement critiqué l’exclusion des athlètes russes et a lui-même lancé une fondation pour venir en aide justement aux sportifs russes. Cette fondation – We Compete As One – fournit un soutien financier et non financier aux athlètes qui ne pourraient pas concourir à la suite de décisions politiques. Ce soutien inclut également une aide juridique ainsi qu’une aide psychologique.

Vitaly Petrov  – premier pilote russe en Formule 1 ayant couru pour les équipes Renault et Caterham – estime pour sa part que sans une représentation de la Russie dans le sport, certains des titres mondiaux ou olympiques ne sont tout simplement pas valables. L’ancien pilote Renault prend pour exemple le Rallye Dakar où l’équipe russe Kamaz a brillé par son absence lors de l’édition 2023 après avoir décidé de ne pas participer à la compétition, notamment parce que les pilotes auraient dû signer un document officiel de la FIA qui condamne l’opération militaire russe en Ukraine.

« Sans la Russie, je ne considère pas qu’un seul champion ou titre olympique soit valable. Surtout au Dakar. Combien de fois nos athlètes l’ont-ils remporté ?  Nous n’étions pas les derniers, c’est un euphémisme. 19 victoires ! » considère Vitaly Petrov dans un entretien accordé au site web russe Sport-Express.

« Mais je ne parle pas seulement du Dakar, mais de tous les sports. Nous devons cesser d’avoir peur et ramener la Russie dans le sport mondial. Pour moi ce n’est pas acceptable, je ne comprends pas du tout cette absurdité d’imposer certaines opinions aux gens. »

Petrov estime cependant que cet isolement international de la Russie pourra finalement profiter aux Russes car le niveau dans les différentes catégories du sport automobile du pays va inévitablement augmenter, tandis qu’il s’attend à ce que la situation se débloque un jour ou l’autre, dans quel cas, il faudra que la jeune génération soit prête.

« Bien sûr c’est triste. Mais si nous parlons de sport automobile en général, alors si tous les pilotes les plus forts concourent en Russie, cela augmentera considérablement la concurrence interne et le niveau général des courses. » ajoute l’ancien pilote Renault.

« Les gens essaieront différentes catégories, de nouvelles voitures seront amenées, un nouveau public apparaîtra. Nous pouvons utiliser la situation actuelle comme une impulsion pour le développement du sport automobile. Former les jeunes afin de les guider davantage dans le futur. Après tout, l’isolement ne durera pas éternellement. »

« Personne ne doit abandonner. Je comprends que la situation est difficile, moi-même j’ai fais de la Formule 1 toute ma vie, je voulais disputer les courses automobiles les plus prestigieuses. Je comprends donc très bien les jeunes pilotes. Mais il faut être patient, s’entraîner et croire au meilleur, pour que lorsqu’il y aura de nouveau ces opportunités, nous soyons tous prêts. »

Actuellement, le Russe Robert Shwartzman est pilote de réserve de la Scuderia Ferrari en Formule 1, mais le jeune homme court sous licence israélienne.

Cesare Ingrassia

Cesare Ingrassia est le directeur de la publication du site d'actualités sur la Formule 1, F1only.fr. Véritable passionné, Cesare Ingrassia est accrédité par la FIA et la F1 et se déplace de paddock en paddock pour vous offrir une couverture totale de chaque événement tout au long de la saison.