Le Chinois Guanyu Zhou a admis en toute franchise qu’il ne pouvait pas ne pas entendre les critiques le concernant lorsqu’il a débuté sa carrière en Formule 1 en tant que titulaire chez Alfa Romeo en 2022, alors qu’il devenait le premier pilote de F1 chinois de l’histoire.
Zhou a d’abord mis un pied en catégorie reine par le biais de l’équipe Renault pour laquelle il officiait en tant que pilote d’essais en 2020, avant d’être finalement embauché par Alfa Romeo fin 2021 après avoir terminé troisième du championnat de Formule 2 cette même année.
Mais lors de son arrivée en Formule 1, Zhou a dû essuyer de nombreuses critiques, notamment sur les réseaux sociaux où certains internautes n’hésitaient pas à dire que le Chinois n’avait obtenu son baquet que parce qu’il était un pilote payant. Des critiques que le jeune homme – âgé de 22 ans à l’époque – ne pouvait pas ne pas entendre.
« Cet hiver-là, en novembre 2021, quand Alfa Romeo a annoncé que je serai dans le baquet, je savais ce que les gens pensaient de moi. » a révélé Zhou dans un édito pour The Player’ Tribune.
« Il m’était impossible de ne pas l’entendre. Et c’était difficile, parce que j’ai travaillé toute ma vie pour une opportunité comme celle-là. Ma famille a fait beaucoup de sacrifices. Nous avons quitté la Chine pour nous installer à Sheffield quand j’avais 12 ans. Il nous a fallu tout, un peu de chance aussi, et juste avant de courir, vous entendez : ‘il ne le mérite pas, cela devrait être un tel ou un tel, il n’est là que pour l’argent’. »
« Je peux comprendre. Les gens ont le droit d’avoir leurs opinions, et il y a bien sûr beaucoup de politique en Formule 1. Je le sais aussi bien que n’importe qui. De l’extérieur, il est difficile de voir tout ce qui se passe, et je suis plus que reconnaissant d’être là où je suis – je ne perds pas de vue à quel point c’est un privilège. Mais je reste toujours une personne, un gars avec un téléphone qui peut entendre tout le bruit. »
« Au début, c’était difficile pour moi, parce que je ressentais un tel lien avec la Formule 1. J’ai été un fan pendant si longtemps et je le suis toujours. Je suis allé à tous les Grands Prix de Chine, et c’est une chose que je ferai de nouveau si je ne courrais plus, parce que c’est qui je suis. »
« Si je pouvais vous ramener dans le temps et vous montrer ma chambre, vous ririez aux éclats. J’avais des affiches de Fernando Alonso partout sur les murs. Cela ressemblait à la chambre d’un adolescent idolâtrant sa pop star préférée. Je m’asseyais devant la télé à toutes sortes d’heures bizarres, avec le volume baissé au maximum, alors que mes parents dormaient dans une autre pièce. »
« Je choisissais mes petites voitures préférées sur la table et je les poussais sur le tapis pendant que Fernando [Alonso], Michael [Schumacher] et Kimi [Raikkonen] gagnaient des courses. Je savais que c’était tout ce que je voulais faire. »
Premier pilote chinois en F1
Malgré les souvenirs parfois douloureux de ses débuts en Formule 1 à cause des critiques, Zhou a ajouté que tout cela a finalement été remplacé par l’immense fierté qu’il ressentait d’être devenu le premier pilote chinois à représenter sa nation en Formule 1.
« Etre le premier pilote chinois de l’histoire de la F1…c’est tout pour moi. Je suis tellement fier d’où je viens, du soutien que j’ai reçu de tout le monde chez moi. » a-t-il ajouté.
« Je cours pour eux. Je veux montrer que même si nous ne sommes pas connu pour le sport automobile, nous pouvons quand même être grands. Que nous pouvons être rapides. Que nous sommes une nation de course. Ce désir, cette passion, c’est ce qui a rendu le premier tour à Bahreïn [la première course de sa carrière en F1] si difficile. Dans l’ensemble, ce n’est qu’un tour sur plus d’un millier au cours de l’année, mais je voulais prouver à tout le monde – et aussi à moi-même – que j’avais ma place. Alors, j’ai simplement baissé la tête et j’ai suivi mon instinct. »
« Notre équipe avait une excellente stratégie et nous nous sommes battus pour revenir. Les derniers tours ont été fous et j’ai franchi la ligne d’arrivée en dixième position, marquant un point…c’était comme une victoire. »
« J’ai serré ma mère dans le paddock ce soir-là et je pense que nous avons tous les deux ressenti un incroyable sentiment de soulagement, du genre : nous sommes ici et nous le faisons. Ces innombrables heures d’aller et de retour en séance en espérant qu’un jour quelque chose comme ça puisse se produire, et nous étions vraiment là, en course, en F1. »
« J’ai pensé à un petit garçon ou une petite fille qui devait regarder chez moi en Chine et cela m’a rendu un peu ému. C’est toujours le cas. Ce week-end comptait tellement pour moi. »
En 2024, Guanyu Zhou pilotera de nouveau pour l’équipe Sauber aux côtés du Finlandais Valtteri Bottas. Il s’agira de la troisième saison en Formule 1 pour le Chinois.