Abiteboul sur les tests des jeunes pilotes en F1 : « C’est plus de l’ordre du symbole »

7 janvier 2024
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Drugovich F1 Aston Martin
Le Brésilien Felipe Drugovich au volant de l'Aston Martin en 2023

L’ancien directeur de l’équipe Renault en F1, Cyril Abiteboul, porte un regard assez critique sur les essais réservés aux jeunes pilotes en Formule 1, le Français estimant que ces séances de roulage sont plus de l’ordre du « symbole » et n’offrent pas suffisamment d’opportunités aux jeunes qui y participent.

Depuis quelques années maintenant, les équipes de F1 ont l’obligation de faire rouler des jeunes pilotes durant au moins deux séances d’essais libres 1 au cours d’une saison. Ces séances de roulage sont programmées pour permettre aux débutants de mettre un pied dans le milieu très fermé de la Formule 1 et doivent – en théorie – leur ouvrir des portes pour leur avenir, mais pour Cyril Abiteboul, ces essais sont plus de l’ordre du symbole.

« Ces essais démontrent certaines facettes du pilote, ce sont des moments importants, mais qui sont plus de l’ordre du symbole que d’une démonstration de performance ou d’apprentissage. » estime Cyril Abiteboul, consultant pour Franceinfo.

« C’est ultra court, une heure à peine, avec un programme rigide car il y a beaucoup de choses à faire durant les essais : travailler le développement, la mise au point de la voiture pour le reste du week-end. ce n’est pas une zone de liberté. »

Cyril Abiteboul admet cependant qu’un jeune pilote aura toujours besoin du soutien d’une grande écurie pour mettre toutes les chances de son côté pour atteindre un jour la Formule 1, comme cela a été le cas par le passé pour de grands pilotes tels que Sebastian Vettel ou encore Max Verstappen – tous deux soutenus par Red Bull.

« Être dans le giron d’une écurie, c’est important, c’est même devenu une condition nécéssaire. » a ajouté Cyril Abiteboul.

« Quand on regarde ces dernières années, Lando Norris chez McLaren, Max Verstappen ou avant Sebastian Vettel chez Red Bull…Il faut presque remonter à Fernando Alonso pour voir de grands pilotes arriver sans le soutien d’une équipe. »

Le problème du pilote payant

Depuis quelques années, la Formule 1 a vu arriver des pilotes qui « achètent » leur présence dans la discipline reine du sport automobile moyennant un important apport financier pour l’équipe. Mais grâce à cette règle qui oblige désormais les écuries de la grille à accompagner des pilotes débutants en les faisant notamment rouler lors de séances d’essais libres. Cyril Abiteboul estime que ce processus permettra de voir éclore davantage de pilotes qui méritent leur place : « Cela devient davantage une pure méritocratie et il faut s’en réjouir. » insiste-t-il. 

« Je ne crois pas que la F1 soit passée à côté de talents évidents. Je ne suis pas pour autant certain que les pilotes qui soient arrivés en F1 le méritaient tous. »

La F2, un parking de pilotes…

Bien que les équipes de F1 sont poussées à soutenir de jeunes pilotes, notamment en les soutenant financièrement dès les catégories inférieures comme la F3 ou la F2, cela n’offre pas non plus une garantie pour ces jeunes d’obtenir une place en catégorie reine.

En effet, si l’on regarde sur les deux dernières années, le champion de F2 2022, Felipe Drugovich ou encore le Français Théo Pourchaire – sacré champion en 2023 – n’ont pas obtenu de baquet de titulaire en F1 après leur sacre et doivent se contenter en 2024 d’un poste de réserviste (chez Aston Martin pour Drugovich et Stake F1 pour Théo Pourchaire).

De plus, l’allongement des carrières pour certains pilotes (on pense notamment à Fernando Alonso qui aura 43 ans cette saison) est également un frein à l’arrivée de nouveaux pilotes sur la grille de la Formule 1, d’autant que les équipes préfèrent désormais miser sur l’expérience plutôt que de prendre des risques avec un débutant dans un contexte de plafonnement des coûts.

« C’est toujours un problème d’aversion au risque. Les sommes en jeu sont tellement importantes, et le risque pour un directeur d’écurie est si élevé qu’il préfèrera parfois un pilote ‘valeur sûre’. les ‘teams principals’ sont aujourd’hui des employés comme les autres, alors qu’à une époque, quand Ron Dennis décidait de mettre Lewis Hamilton dans la McLaren, il était quasiment chez lui, comme Frank Williams qui était propriétaire de son écurie. Ils n’avaient personne pour leur dire ‘attention, tu fais une bêtise en prenant un jeune’. »

Aucun débutant en F1 en 2024

Une chose est certaine, il n’y aura aucun pilote débutant sur la grille de la Formule 1 en 2024, une première depuis 73 ans. En revanche, des opportunités seront à saisir pour les jeunes pilotes en 2025 puisque de nombreux pilotes verront leur contrat arriver à leur terme à la fin de la campagne 2024, ce qui devrait nous offrir un marché des pilotes excitant (voir les contrats des pilotes ici).

3 Comments

  1. C’est surtout qu’il faut que le jeune soit un très bon. Un jeune pour un jeune n’a pas de sens en temps normal. Un triple redoublant genre Pourchaire a évidemment moins d’opportunités.

    Renault et Mercedes sont les seules à ne pas prendre des risques.

  2. Il ne faut pas exagérer car, sur les 22 pilotes de la liste des engagés 2014, il n’en reste que 7 en 2024. Le renouvellement est bien plus fort qu’on ne le pense.

    En 2026, quand il manquera les trois champions du monde pour faire place à Vesti, Drugovich et Pourchaire, certains pleureront le changement.

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Cesare Ingrassia

Cesare Ingrassia est le directeur de la publication du site d'actualités sur la Formule 1, F1only.fr et du site La Chaine Renault. Véritable passionné, Cesare Ingrassia est accrédité par la FIA et la F1 et se déplace de paddock en paddock pour vous offrir une couverture totale de chaque événement tout au long de la saison.