Jaime Alguersuari – accessoirement ancien pilote Toro Rosso entre 2009 et 2011 – a remis les pieds dans le paddock de la Formule 1 pour la première fois depuis dix ans lors du Grand Prix de Grande-Bretagne 2023, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Espagnol n’a pas passé l’un des meilleurs moments de sa vie.
L’ancien pilote Toro Rosso a quitté la Formule 1 par la petite porte à la fin de la saison 2011 lorsque l’impitoyable Helmut Marko, conseiller motorsport de Red Bull, a pris la décision de remplacer Sebastien Buemi et Jaime Alguersuari par le Français Jean-Eric Vergne et l’Australien Daniel Ricciardo à partir de la saison suivante.
Sans baquet, Jaime Alguersuari devient alors pilote d’essais pour le compte de Pirelli durant deux années, avant de passer par la Formule E ou encore le championnat ADAC GT Masters. Le pilote espagnol raccrochera définitivement son casque fin 2015 pour se consacrer à la musique (il est DJ).
Lors de la dixième manche de la saison 2023 de F1 disputée à Silverstone, son ami Carlos Sainz [actuel pilote Ferrari] l’a invité dans le paddock et l’Espagnol a immédiatement accepté étant redevenu « un véritable accroc » à la Formule 1, mais le fait de revoir certaines personnes et de se retrouver de nouveau dans l’ambiance si particulière d’un paddock a ravivé de mauvais souvenirs à Alguersuari.
« Carlos m’a invité et je voulais aller à Silverstone. Je suis redevenu accro à la F1 car ils ont fait du bon travail en termes de divertissement. » confie Jaime Alguersuari au journal espagnol AS.
« C’est un spectacle attrayant et nous avons deux pilotes espagnols [Sainz et Alonso] qui se débrouillent bien. Je voulais être proche de mon ami Carlos et ressentir à nouveau la compétition au premier rang. »
Lorsqu’on lui demande ce qu’il a pu ressentir en revenant après tant d’années, l’Espagnol a répondu : « Un peu nostalgique. Je ne connais plus grand monde en fait. Je n’ai pas couru avec la plupart des pilotes et les gens des équipes ont aussi beaucoup changé. »
Lorsqu’on lui demande s’il est allé voir Helmut Marko lors de son passage dans le paddock, il répond : « Oui, je suis allé lui dire bonjour, mais il ne m’a pas prêté beaucoup d’attention. Il m’a dit que j’étais devenu un DJ célèbre et je lui ai dit que ce n’était pas vrai. »
« Pour moi, c’était un sentiment étrange, parce que je me sentais à l’aise dans un endroit où j’ai passé un mauvais moment et je n’aimais pas ça. Revenir de manière plus détendue a ravivé un mauvais rêve que j’ai vécu. »
« En voyant tout de si près à nouveau, des éclairs de moments angoissants me sont venus à l’esprit. Le mot qui définit le mieux cette situation est l’angoisse. »
« Carlos sait de quoi je parle parce qu’il a aussi vécu [lorsqu’il pilotait pour Toro Rosso]. La Toro Rosso n’était pas une voiture compétitive, mais personne dans l’équipe n’appréciait les bons résultats. C’était très frustrant. »
Lorsqu’on lui demande s’il pense avoir été poussé à bout psychologiquement lors de son passage chez Toro Rosso entre 2009 et 2011, Alguersuari a répondu : « Oui, mais je ne pense pas que ce soit mauvais, car cela fait partie du processus de sélection. »
« Le problème c’est qu’ils vous retirent pour une décision commerciale et politique et que ceux qui occupent votre place font pire. Je parle de faits. »
Quant à son pire souvenir chez Toro Rosso, l’Espagnol explique : « C’était en Corée. Cela me semblait injuste car j’avais une voiture pour faire 14e et je faisais 7e et 8e. »
« C’était la troisième séance d’essais libres, un samedi, où j’ai pris le départ devant Vettel. L’ordre strict dans l’équipe était de toujours laisser les Red Bull prendre de l’avance. »
« Je l’ai fait deux fois avec Sebastian mais il a trop freiné dans le premier virage et j’ai pensé que je pouvais passer, je voulais faire un tour propre car il restait une minute. C’était juste une séance d’essais libres. »
« Marko est ensuite venu dans le garage pour me le reprocher, devant tout le monde, avec une attitude puérile, comme pour dire ‘Je veux qu’ils m’enregistrent pour que tout le monde sache qui commande ici’. »