Nous sommes en mars 2015, il y a 10 ans, et quelques jours après le lancement de la saison de Formule 1. Les Grands Prix d’Australie et de Malaisie viennent de se disputer, remportés respectivement par Lewis Hamilton (Mercedes) et Sebastian Vettel (Ferrari).
Bernie Ecclestone admettait alors penser qu’une série distincte pour les femmes pilotes serait bénéfique pour le sport.
Comme toujours, il était difficile, au vu des sorties précédentes de l’homme d’affaires alors âgé de 84 ans, de savoir si l’homme de 84 ans si celui-ci jouait avec les médias ou s’il est très sérieux. Beaucoup suggéraient alors, connaissant les convictions profondes du Britannique à ce sujet, qu’il suggérait-là une idée qu’il jugeait lui-même scandaleuse et n’ayant aucune chance d’être matérielle tout en se préparant à faire passer une autre idée tout aussi « ridicule » qui, elle…passerait !
Rappelons qu’Ecclestone parlait également à l’époque de doubler les points des trois dernières courses de la saison, envisageait des courses sur piste humide ainsi que l’attribution de points pour les qualifications.
« J’ai pensé que ce serait une bonne idée de leur donner une vitrine », avait-t-il déclaré dans les colonnes du Daily Telegraph. « Pour une raison quelconque, les femmes ne se manifestent pas, et ce n’est pas parce que nous ne les voulons pas. Bien sûr que si, car elles attireraient beaucoup d’attention et de publicité et probablement beaucoup de sponsors. »
Les rares femmes pilotes se disaient majoritairement désireuses de réussir en F1 et de rivaliser avec les hommes sur un pied d’égalité, et trouvaient donc l’idée d’une série distincte dégradante et condescendante.
C’était clairement l’avis de Susie Wolff, qui tentait de se frayer un chemin vers un baquet de titulaire en F1, bien aidée en cela par son époux Toto, alors actionnaire influent chez Williams, où elle occupait le poste de pilote d’essais. « Ce n’est certainement pas la bonne voie à suivre », estimait-elle en réponse. « Tout d’abord, je ne sais pas où vous trouveriez un plateau complet de pilotes féminines suffisamment bonnes », admettait-elle. « Deuxièmement, j’ai fait toute ma carrière de pilote automobile en tant que concurrent normal. Pourquoi chercherais-je une course où je ne serais en compétition qu’avec des femmes ? Je peux dire en toute sincérité que cela ne m’intéresserait pas du tout de gagner une telle course. Je préférerais ne pas participer à la course, car qu’est-ce que je gagnerais ? Une course où ils ont juste cherché n’importe quelle fille pour constituer une grille… »
Aujourd’hui, Susie Wolff dirige le projet F1 Academy, un championnat de niveau F4 soutenu par la F1 et composée d’une grille exclusivement féminine.