Chez Alpine F1, Rossi n’accepte pas l’excuse des ressources

11 mai 2023
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laurent rossi pdg alpine F1
Le PDG d'Alpine, Laurent Rossi (au centre la photo)

Cela n’aura échappé à personne, le week-end dernier à Miami le PDG du Groupe Renault, Luca de Meo, et le PDG d’Alpine, Laurent Rossi, ont fait « une descente » dans le paddock de la F1 pour remettre les pendules à l’heure au sein d’une équipe Alpine ayant fait preuve en ce début d’année de « dilettantisme » selon les propres mots de Laurent Rossi.

Les performances en piste de l’équipe du constructeur français ne sont clairement pas au rendez-vous en ce début de saison avec deux courses à oublier sur les cinq déjà disputées : le Grand Prix d’Australie d’abord avec un double crash en fin de course pour les deux pilotes Alpine et celle de Bakou en Azerbaïdjan où une série d’erreurs opérationnelles ont touché principalement la voiture de Pierre Gasly tout au long du week-end.

Outre ces deux week-ends ratés, la première course de la saison disputée à Bahreïn a également eu son lot d’erreurs, notamment avec Esteban Ocon qui a mal positionné sa monoplace sur la grille de départ et qui s’est vu recevoir une première pénalité, puis une deuxième après que l’un des mécaniciens ait touché sa voiture alors qu’il purgeait la première pénalité. Viendra ensuite une troisième pénalité pour avoir roulé trop vite dans la voie des stands.

Le coup de gueule du PDG Laurent Rossi le week-end dernier à Miami est donc tout à fait légitime et, bien que certains lui reprocheront d’opérer un « management par la terreur », on ne peut que constater que Alpine – avec toutes les ressources dont dispose l’équipe – n’est pas là où elle devrait être en ce début d’année.

« C’est une année difficile qui s’annonce, nous ne sommes qu’au début de l’année, donc je ne veux pas abandonner, mais quelques choses doivent changer. » a déclaré Laurent Rossi dans un entretien exclusif pour le site du championnat.

« Il faut continuer à renforcer l’équipe pour retrouver de la performance. L’état d’esprit est l’une des choses qui doit changer, car c’est en grande partie la même équipe que l’année dernière. C’est quelque chose qui doit changer pour les membres de l’équipe maintenant et pour les nouvelles personnes que nous allons ajouter. »

« Cela commence par admettre vos erreurs, ne pas répéter les erreurs et apprendre de vos erreurs. C’est bien de faire des erreurs, mais ce n’est pas bien d’en faire deux fois parce que cela signifie que vous n’avez pas appris. Cette année, il y a beaucoup d’excuses qui conduisent à de mauvaises performances et à un manque d’excellence opérationnelle. »

« Je dois m’attaquer à cela. J’ai besoin des bonnes personnes pour y faire face. J’ai besoin que l’équipe soit consciente qu’elle doit le faire car ce n’est pas à moi – c’est à eux, ils doivent le faire. »

« C’est leur responsabilité. J’espère qu’ils feront le même diagnostic. Je leur dit clairement que c’est le diagnostic et qu’ils doivent y remédier. »

Szafnauer sous pression

Irrité par la situation, Laurent Rossi n’hésite pas à mettre toute la pression sur l’actuel directeur de l’équipe, l’Américain Otmar Szafnauer, qui a rejoint Alpine en 2022 après plusieurs années passées chez Racing Point, devenue en 2021 Aston Martin.

« Il est le responsable de la performance de l’équipe. C’est son travail. » a ajouté Laurent Rossi à propos de Szafnauer.

« Il n’y a rien à cacher, Otmar a été amené à diriger l’équipe tout au long de la saison et des saisons suivantes vers les objectifs que nous nous sommes fixés – qui est de progresser constamment comme nous l’avons fait les deux premières années en terminant cinquième et quatrième – et d’accéder aux podiums. C’est donc sa mission de redresser cette équipe et de l’amener à la performance que nous voulons. »

« Nous avions une équipe qui s’est raisonnablement bien comportée l’année dernière, en obtenant la quatrième position [au championnat du monde], ce qui est la meilleure amélioration que nous ayons eus depuis longtemps. Nous avons montré beaucoup de choses prometteuses. »

« Maintenant, ce sont plus ou moins les mêmes personnes, donc je n’accepte pas qu’on ne soit pas capable de maintenir ça. Donc oui, c’est Otmar et le reste de son équipe [le responsable], car Otmar seul ne fait pas tout, mais la responsabilité s’arrête à Otmar. C’est la responsabilité d’Otmar, oui. »

L’une des clés de la réussite dans une équipe de Formule 1 est la confiance que peut accorder un manager à ses employés et lorsqu’on lui demande s’il a toujours confiance en Szafnauer, Laurent Rossi a répondu : « La confiance est quelque chose qui augmente avec les bons résultats et s’érode avec les mauvais résultats. »

« Tout le monde commence avec un capital de confiance et ensuite il faut le gérer. Il n’y a qu’un nombre limité de revers que nous pouvons subir dans un sport, dans un monde de compétition, parce qu’en gros ça se voit. Tout le monde peut dire si nous allons dans le bon sens ou dans la mauvaise direction. »

« Donc, cela impacte directement votre capital de confiance. Je dirais qu’Otmar est très capable, mais il a une grosse tâche à accomplir. »

Pas une question d’argent

Au cours des dernières années, Renault a investi massivement dans son équipe de Formule 1 et continue de le faire avec notamment la livraison prochaine d’un tout nouveau simulateur, tout en s’engageant à fournir à Alpine suffisamment d’argent pour repousser la limite du plafond des coûts pour la prochaine décennie. 

« Enstone n’a jamais eu autant de ressources à sa disposition depuis un certain nombre d’années. le projet ici est sur dix ans. Mais avec le soutien financier viennent les attentes. Si nous devons parler de chiffres, Renault dépense un demi-milliard d’euros sur la F1. Donc il n’est pas étonnant qu’ils souhaitent un retour sur cet investissement, surtout quand ils ont vu l’ascension fulgurante d’Aston Martin. »

« Aston a moins d’ingénieurs que nous pour autant que je sache. Ils n’ont pas encore leur propre soufflerie, ils n’ont pas leur usine en marche pour le moment [une nouvelle usine est en cours de construction]. Ils ont accélléré le développement en faisant en sorte que les bonnes personnes les rejoignent. Cela montre que tout dépend de la créativité et de l’efficacité. C’est la règle du jeu, on le sait. Donc non, je suis désolé mais je n’accepte pas l’excuse des ressources. »

Pour couper court à toutes les spéculations, Rossi a également indiqué que Alpine sera toujours en Formule 1 d’ici dix ans : « Nous devons stabiliser le cap. Il ne fait aucun doute que nous serons ici dans 10 ans. L’équipe va changer, comme toutes les autres équipes, il s’agit de renforcer l’équipe pour y arriver le plus vite possible. »

Après le Grand Prix de Miami, Alpine se retrouve à égalité de points avec McLaren (14 points) et se bat donc actuellement pour la cinquième place au championnat du monde des constructeurs. L’écurie du constructeur français accuse tout de même un retard de 64 points sur Ferrari qui est quatrième du classement.

3 Comments

  1. Il est amusant, Rossi. Comme les dirigeants de notre pays, il se défausse de ses propres responsabilités en accusant celui qu’il a lui même choisi pour diriger l’équipe. Il préfère cela plutôt que d’admettre publiquement ses propres erreurs, après tout il n’est que le PDG de l’équipe.
    C’est à la mode dans le monde moderne : ce n’est jamais de la faute de ceux qui ont les plus hautes responsabilités lorsque l’échec est au rendez-vous de leurs mauvaises décisions et de leur mauvaise gestion.

    • Vous avez dit « fusible » ?
      C’est vieux comme le Monde, je partage à 100% ton point de vue.

  2. Il faut commencer par virer Szafnauer avec son sponsor BWT, ce type est un clown. Si Aston Martin s’en sont débarrassés c’est pour une bonne raison…

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Cesare Ingrassia

Cesare Ingrassia est le directeur de la publication du site d'actualités sur la Formule 1, F1only.fr et du site La Chaine Renault. Véritable passionné, Cesare Ingrassia est accrédité par la FIA et la F1 et se déplace de paddock en paddock pour vous offrir une couverture totale de chaque événement tout au long de la saison.