F1 Manager 2023 : Notre test complet et notre verdict

27 juillet 2023

L’année dernière, Frontier Developments nous a proposé son premier jeu de gestion de F1 « F1 Manager 2022 ». Après 22 ans d’absence d’un jeu de gestion officiel dédié à la F1, il s’agissait là d’un retour réussi mais qui pouvait sembler inaccessible aux nouveaux venus dans le monde de la F1 tant le jeu était poussé.

Cette année, les développeurs ont souhaité partir sur les bonnes bases acquises l’année dernière en poussant un peu plus la gestion tout en essayant de conquérir les nouveaux venus. Nous allons voir si le pari est réussi avec F1 Manager 2023.

Si l’année dernière Frontier Developments avait été capable de nous fournir un jeu très correct pour un premier essai dans l’univers de la F1, il ne s’agissait pas d’un coup de chance, le développeur étant un spécialiste des jeux de gestion. Si vous êtes un aficionado du genre, certains titres développés par le studio anglais ne vous seront pas étrangers : Rollercoaster Tycoon, Planet Coaster, Planet Zoo, Jurassic World Evolution 1 et 2.

Tous ces jeux à succès démontrent le savoir-faire des développeurs. Si l’aspect gestion n’a aucun secret pour le studio, le monde de la F1 était bien une nouveauté, et une nouveauté on ne peut plus complexe tant la réglementation de la Formule 1 peut être poussée (parfois trop).

Les jeux de gestion sont clairement des jeux de niche, alors que dire des jeux de gestion de F1 ? Si les développeurs veulent toucher un public plus large et grandissant avec l’expansion de la F1 ces dernières années, il va falloir être pédagogue et c’est ce que s’efforce de faire F1 Manager 2023 tout au long de votre progression tout en restant très complet.

Je vais vous prendre un onglet svp

Après une courte vidéo réalisée avec de vraies images de la F1 introduisant la compétition, vous aurez un premier choix qui sera le plus important en lançant votre carrière, celui de votre écurie. Ici point de fiction, seules les équipes officielles de la Formule 1 sont présentes et vous ne pourrez pas créer de A à Z votre propre team (quoique), chaque écurie bénéficie d’une présentation audio et d’objectifs différents en fonction des ses résultats l’année dernière.

Si vous choisissez Haas, obtenir des points sera déjà un bon début. Si vous choisissez Ferrari, c’est le podium qui sera forcément visé et le championnat à moyen terme. Une présentation qui peut dès le début permettre à de nouveaux venus dans le monde de la F1 d’apprécier et choisir plus facilement une écurie.

Le menu principal de votre carrière pourrait vous donner le tournis lors de votre première session où pas moins de 13 onglets sont présents. Il faudra alors prendre le temps de tous les visiter pour saisir l’ampleur de la mission qui vous attend.

Mais aucune crainte, une assistante vous expliquera chaque onglet et sous-onglet de manière très claire. Vous pourrez également cliquer sur le joystick droit à n’importe quel moment pour avoir des détails et explications sur l’onglet en question; cela prend un peu de temps mais le tout est limpide et facilite grandement la suite. Je ne suis pour ma part pas un amateur des jeux de gestion mais, en une trentaine de minutes, j’avais compris le rôle de chaque onglet et il ne restait que peu de zones d’ombre.

Autant d’onglets que de choses à gérer

La préparation et l’optimisation

Schématisons: le jeu est découpé en deux parties : l’une où vous allez devoir gérer votre écurie via ses installations, son staff, ses pilotes, le développement des pièces et l’autre ou vous allez gérer les week-ends de course. Nous allons nous intéresser ici à la première partie.

Un calendrier vous indiquera les échéances à venir : week-ends de Grand-Prix, événements de sponsors, tests etc… il vous faudra vous organiser en fonction de ces échéances. Entre les week-ends de course, vous aurez donc tout le loisir de développer et optimiser votre écurie, et cela de plusieurs manières.

Tout d’abord via le développement de vos monoplaces, indépendante l’une de l’autre. Il vous faudra souvent faire des choix pour cause de temps ou de budget, ainsi vous prioriserez souvent une monoplace (et donc un pilote) au détriment d’une autre. Vous aurez pour mission de concevoir et fabriquer des pièces (essentiellement aérodynamiques), et dès lors, les compromis commencent.  Si vous voulez qu’une pièce soit développée et fabriquée plus rapidement vous pourrez y allouer plusieurs ingénieurs qui ne seront alors plus disponibles pour d’autres tâches. Autre moyen d’accélérer les processus : y mettre les moyens. Si vous demandez à vos ingénieurs de développer plus rapidement, alors il faudra sortir le portefeuille.

Tout est une question de compromis

Et nous ne parlons ici que d’une seule pièce… Si vous souhaitez en développer deux pour que chacune des monoplaces en bénéficie, alors la durée de fabrication et le coût seront doublés, à vous de voir. Chaque pièce fabriquée aura une durabilité que là aussi vous pouvez augmenter mais au détriment de la performance car la pièce sera souvent plus lourde.

Une fois que vous aurez fait vos choix, on vous indiquera le coût de développement et il vous faudra surveiller le plafond budgétaire, l’un de vos pires ennemis. Si vous vous demandez quelle pièce développer, vous pourrez indiquer pour quel circuit vous souhaitez développer la pièce et le jeu vous mettra en évidence les principales caractéristiques souhaitées pour le tracé et donc les pièces qui peuvent améliorer vos monoplaces (en appui, vitesse de pointe, vitesse moyenne etc…), une aide bienvenue!

Le jeu vous aiguillera sur le développement

Il vous faudra également surveiller vos pilotes et staff. Ici, la gestion a été simplifiée, plus de point de compétence à distribuer comme l’année dernière mais simplement des orientations de développement à donner, tant pour les pilotes (piste humide, roue contre roue, rythme long relais, équilibré…) que pour votre staff. Pour ces derniers, vous aurez à manager le directeur technique, le responsable aérodynamique, les ingénieurs de course et le directeur sportif. Tous sont issus des effectifs officiels du championnat de F1 2023.

Là aussi, aucun point de compétence mais des orientations de développement. Par exemple, pour l’ingénieur aéro, vous pourrez  lui demander de se concentrer sur un développement équilibré ou prioriser le développement carrosserie, l’effet de sol, l’adhérence etc…

Pour le reste du staff à gérer, il s’agira de l’équipe des stands et l’on se rend compte ici que les développeurs sont aussi rentrés dans les détails. Vous pourrez gérer les semaines de votre équipe au jour le jour en élaborant des programmes d’entrainement très précis, vous pourrez par exemple les orienter sur des exercices sur les pistolet pneumatiques, les crics, la libération de la voiture, les envoyer en salle de sport ou encore leur laisser du repos. Et oui, si vous en demandez trop à vos équipes elles seront fatiguées et leur motivation et performances en pâtiront.

Pour pallier cela, vous pourrez améliorer et entretenir vos installations. En plus de motiver vos troupes et redorer l’image de votre écurie, développer la soufflerie permettra également d’avoir de meilleurs résultats sur le développement de vos pièces aérodynamiques. Attention cependant, plus une installation est évoluée, plus elle vous coûtera cher en entretien.

Belles installations = belles productions = coûts plus élevés

Enfin, vous pourrez prospecter de nouveaux talents, tant du staff que des pilotes venus de F1, F2 ou F3. Prospecter vous obligera à vous dévoiler. Si vous savez qu’un excellent ingénieur ou pilote vous coûtera cher mais vous aidera à vous développer, vous ne le saurez pas avant de prospecter dans quels domaines ces derniers performent le mieux, c’est là que vos « prospecteurs » entrent en jeu et vous dévoileront les stats.

A vous ensuite de proposer des contrats avec ou sans bonus et attendre la réponse des personnes sélectionnées, vous pourrez ainsi concevoir une écurie comme vous l’entendez dans la limite de votre budget.

Si nous devons faire un reproche sur cet aspect de la gestion, il s’agit justement de l’approche du budget. Votre conseil, en fonction de sa confiance, vous attribuera un budget distribué tous les mois, vos sponsors vous paieront grassement si vous performez en course mais il est très difficile d’appréhender si on dépense trop ou pas assez d’argent dans le développement. On peut bien entendu voir si un mois finit théoriquement dans le positif ou le négatif mais il est difficile de se projeter à moyen ou long terme.

Aucun garde-fou ne nous prévient. Pourtant, il existe bien un système d’alerte pour les pièces. Ainsi, un ingénieur vous indiquera si telle ou telle pièce risque de manquer en fonction de votre stock, dommage qu’un comptable ne soit pas de la partie pour nous conseiller également.

Toujours côté budget, on regrettera de ne pas avoir à gérer les vrais sponsors et que cette gestion soit très limitée. On pourra simplement ajouter des défis pour gagner plus de fonds ou en perdre s’ils ne sont pas réalisés mais la gestion est peu poussée. Idem pour les journées dédiées aux sponsors, si ces dernières pénalisent votre équipe car elles peuvent bloquer votre usine une journée ou distraire les mécaniciens dans les stands, vous ne pourrez pas réellement les programmer et les gérer vous même de manière poussée comme le reste du jeu.

Chaque onglet bénéficie d’une aide à la compréhension

En voiture Simone!

Vient le temps du week-end de course ! Vous aurez ici à gérer chaque séance allant des essais à la course via le calendrier officiel de la F1 (avec donc la présence des courses Sprint). Si vous ne pouvez pas déterminer la durée des séances comme dans F1 23 , vous pouvez si vous le souhaitez entièrement automatiser et simuler les séances. Si l’option permet de gagner du temps (pour éviter de faire toutes les séances d’essais « à la main »), elle enlève une grande partie de l’intérêt du jeu.

Sachez que pour toutes les séances (essais, qualifications et course) vous pourrez laisser le temps s’écouler normalement ou l’accélérer jusqu’à x16, pas d’inquiétude si un événement important intervient puisque le temps s’écoule à nouveau normalement pour que vous ayez le temps de réagir.

En essais, vous devrez gérer les programmes, le nombre de tours à effectuer, les gommes utilisées, et essayer différents réglages sur les monoplaces en fonction des retours des pilotes à qui vous pouvez demander de se concentrer sur leur type de conduite, la consommation de carburant ou la gestion de l’ERS. L’objectif est plutôt simple : avoir une bonne connaissance du circuit, une bonne connaissance de la monoplace et des pièces ajoutées et une satisfaction pilote sur la configuration. Le tout vous donnera un indice de confiance du pilote.

Affinez vos réglages pour préparer au mieux vos pilotes

En qualifications, il s’agira d’élancer les pilotes au meilleur moment pour éviter d’être gêné dans le trafic et la vue circuit est très pratique à ce titre. Durant le roulage, vous pourrez demander aux pilotes d’adapter leur conduite en fonction de vos attentes, éviter les vibreurs, ne pas gêner le coéquipier etc…

Le moment tant redouté de la course arrive et c’est à vous de choisir parmi 3 stratégies pneus pré-établies ou en créer une de toute pièce. En course, vous devrez switcher entre différentes allures allant de l’économie à la grosse attaque, le tout en gérant le carburant, l’ERS et les pneus.

L’attaque et la défense peuvent être également calibrées et, à l’inverse de l’opus 2022 où je n’avais pas trouver cela frappant, on voit une réelle différence de comportement de nos pilotes en piste en fonction de nos directives.

Tous ces choix ont une incidence, vous vous en doutez. Un pilote qui attaque fort aura plus de chance de partir à la faute, tandis qu’un pilote à l’économie fera de plus longs relais et ainsi de suite. A vous de peser le pour et le contre.

Pour terminer sur cet aspect, je reviens rapidement sur les arrêts aux stands. Attention, même si une stratégie est adoptée elle n’est pas réalisée automatiquement, il faudra vous même demander aux pilotes de faire l’arrêt sinon le relais va être très long…

Disons-le, il y a beaucoup de choses à gérer mais pour cela vous avez accès à tout un tas de données (vraiment beaucoup, mais vous aurez rapidement vos favorites) qui permettent de vous prendre pour un vrai stratège et vous comprendrez pourquoi il y a plusieurs personnes sur le muret des stands. Les radios ingénieurs / pilotes vous donneront également de très bonnes indications.

Vous avez dit F1TV?

Dernier point au sujet du gameplay et pas des moindres, les développeurs ont eu la bonne idée d’ajouter (en dehors de votre carrière) des courses scénarisées (Race Replay) qui retracent le championnat 2023. Ce mode n’étant pas disponible lors de notre test, nous ne nous étalerons pas sur ses caractéristiques mais nous pouvons vous dire que l’intégralité des Grands Prix courus cette saison devraient bénéficier de ce traitement de faveur.

Pour la sortie du jeu, des scénarios sont programmés pour les 11 premières courses se concentrant chacun sur une écurie / pilote et une mission à mener à bien. Sachant que le Grand Prix de Hongrie a eu lieu il y a 3 jours, à l’écriture de ces lignes, on peut dire que les développeurs sont très réactifs, le GP étant présent dans ce mode scénarisé.

Un audio excellent pour des graphismes décevants

Cote technique, on souffle le chaud et le froid, à tel point que l’ensemble du budget dédié à cet aspect semble avoir été injecté dans l’audio du jeu. Le bruit des moteurs est parfait, je dirais même meilleur que sur F1 23, surtout en caméra spectateur où le tout est très cohérent. Le gros + vient des radios : en effet, vous retrouverez les voix officielles des pilotes et des ingénieurs de courses extraites des vraies radios de la saison, c’est saisissant de réalisme et de pertinence, on s’y croit tout simplement.

Les commentaires du présentateur sont globalement bons et très pertinents, ils manquent parfois un peu d’entrain mais font clairement le travail d’immersion. J’ai constaté deux petits bugs à ce niveau, le virage 1 a été présenté comme le virage 3 lors d’un dépassement, et j’ai pu apprendre qu’il s’agissait de « la première course de F1 de Charles Leclerc qui fait des débuts prometteurs ». Je reste optimiste à ce niveau, ce type de bug pouvant être facilement corrigé via un patch (je n’ai pas joué avec le patch Day One).

Parlons maintenant du point faible du jeu : ses graphismes. N’ayons pas peur de le dire, F1 Manager 2023 est moche, voire plus moche que l’opus 2022. Je suis assez surpris par cet aspect car j’avais normalement la version Xbox Series X entre les mains. J’aimerais voir un patch corriger les choses mais il y a du travail : aliasing, clipping, le jeu semble avoir été développé sur la génération PS3.

En revanche, aucun ralentissement et aucun bug de gameplay comme l’on peut en voir sur F1 23 (bugs sur le règlement notamment). Les développeurs semblent avoir favoriser la stabilité du jeu et il faut dire qu’avec toutes les données à l’écran et les différents onglets, il serait désagréable d’avoir de la latence, peut-être un choix par dépit, mais le jeu souffrira forcément des comparaisons avec F1 23 et autres productions de jeux de course.

Le jeu n’est pas très beau…

C’est relativement dommage car le jeu possède une vue « caméra casque » comme on peut le voir en vrai, qui est absolument dantesque. Certes, ça serait injouable en terme de conduite mais le rendu est sublime : champ de vision réduit et mouvement de tête du pilote, le tout est vraiment très cohérent.

F1 Manager 2023 bénéficie d’une vue casque incroyable

Verdict

En partant d’un postulat simple, j’aime la F1 (ah bon?) et je ne suis pas fan des jeux de gestion en général, pourtant F1 Manager 2023 a su me tenir en haleine et me faire passer du bon temps malgré des graphismes décevants, ce qui est pour moi un critère important.

Grâce à quoi me direz-vous ? Et bien, grâce à ce que l’on demande à un jeu de gestion (du moins ce que j’en attendais) : sentir que nos décisions ont de l’importance et se sentir pleinement impliqué.

Toutes vos décisions, même infimes, auront un impact à un moment ou à un autre, que cela soit en usine ou sur la piste, il faudra choisir consciencieusement les sacrifices que vous allez faire, car un choix = un sacrifice. A ce titre, lisez tous vos mails avant de faire des choix.

La magie de F1 Manager 2023 opère en piste. Vous passez des minutes voire des heures à concevoir des pièces, régler la voiture, prendre en compte les retours, tout cela pour lâcher les pilotes en piste. Lorsque vous avez donné vos directives et que vous regardez ce qu’il se passe en piste, vous allez vivre les choses avec beaucoup d’implication et parfois trop d’entrain.

On s’y croit, on prend à cœur l’évolution de notre écurie et l’intérêt de la réussite. Vous allez parfois vous en vouloir pour une erreur de jugement et parfois vous allez pester contre vos pilotes ou mécaniciens pour une erreur bête qui met à mal toute une stratégie établie sur le week-end.

On oublie très vite les graphismes dans ces moments-là tant nos yeux sont rivés sur les données. On est le patron, on est le stratège et l’on touche du doigt ce que doivent ressentir les hommes et femmes sur les murets des stands. Le pion, ce n’est pas le joueur. Le joueur déplace les pions et toute une saison prend forme autour de nos choix. Pour son deuxième jeu de gestion F1, Frontier Developments frappe fort.

Note: 8/10

F1 Manager 2023 sort le 31 Juillet sur PC, Xbox Series / One, PS4 / PS5.

Rémy Calame

Fan de Formule 1 depuis son adolescence, Rémy s'est rapidement déplacé sur les Grands Prix en tant que fan. Amoureux de l'atmosphère régnant sur les circuits il a décidé de partager sa passion en vivant de l’intérieur la F1 avec Cesare et F1only.fr