La Scuderia Ferrari et McLaren ont vécu un Grand Prix de France bien différent, avec les deux pilotes McLaren dans le top six à l’arrivée de l’épreuve, tandis que les deux pilotes Ferrari ont terminé hors du top dix au Castellet.
Les deux équipes se battent pour la troisième place au championnat des constructeurs et avaient donc apporté toutes les deux des améliorations aérodynamiques sur la SF21 et la McL35M.
La MCL35M avait assez souffert à Bakou, et n’a pas su exprimer le potentiel des premières courses. Ferrari, en revanche, à Bakou et à Monaco, avait réussi à rehausser les caractéristiques de la SF21, notamment en qualifications, sur des circuits où les courbes étaient plus lentes que sur le Paul Ricard.
En France, Mclaren s’est retrouvé sur une piste « amicale », dans une situation complétement opposée à Ferrari avec sa SF21. La piste du Castellet nécessite une adhérence générée par l’aérodynamisme et non par la mécanique, dans laquelle l’énergie libérée sur les pneus est très élevée, et la dégradation thermique de la structure du pneu était évidente. La pluie de dimanche matin avant le départ de la course a également rendu la piste « verte », ce qui a rendu la SF21 encore plus difficile à maitriser en termes de sous-virage.
En France, des mises à jour aérodynamiques sont arrivées pour les deux équipes, notamment pour Mclaren qui a introduit un important package de développement sur la MCL35M.
Les premiers changements aérodynamiques pour l’équipe britannique ont été observés dans la zone arrière, où la plaque d’extrémité de l’aileron arrière a été révisée.
La nouvelle cloison n’a plus les franges verticales dans la zone inférieure, qui géraient les turbulences causées par le roulement du pneu arrière. Dans la nouvelle spécification, des coupes horizontales ont été implémentés, utiles pour diriger la traînée d’air dans la partie la plus en arrière.
Ce qui a le plus étonné tout au long du week-end, c’est que Mclaren ne semblait pas craindre la chaleur et qu’un nouveau capot moteur a été utilisé tout le week-end au Castellet, plus fermé à l’arrière que celui vu à Bakou. L’unité de puissance Mercedes permet d’utiliser des choix plus agressifs, sans rencontrer de problèmes de surchauffe, bien qu’une petite alarme soit survenue vendredi, lorsque l’équipe d’Andreas Seidl a enfreint le couvre-feu pour remplacer un capteur défectueux dans la zone de la boîte de vitesses.
A l’arrière, Mclaren a travaillé dur pour trouver la meilleure configuration aérodynamique, avec un aileron arrière plus gros qu’à Bakou, et qui a été maintenu tout au long des séances, bien que de nombreuses autres équipes aient préféré utiliser moins d’appuis.
Quant aux nouveaux tests de flexion de l’aileron arrière, qui ont été introduits dans ce Grand Prix, Ferrari et Mclaren ne semblent pas avoir beaucoup souffert des nouvelles directives : la voiture de Woking fait partie de celles qui n’ont pas beaucoup utilisé l’aileron flexible, bien que la FIA continue de surveiller les mouvements sur les ailerons, puisque les stikers introduits à Bakou étaient toujours présents, placés sur le volet mobile et sur le plan principal, et qui permettent à la FIA d’avoir le mouvement de référence de l’aileron.
Le nouveau package présenté ce week-end par Mclaren modifie également la zone avant de la voiture, où ils essaient de trouver une meilleure gestion du flux d’air. La Mclaren est l’une des rares voitures à ne pas utiliser le système S-Duct, qui déplace une partie du flux du bas du châssis vers le haut.
Juste dans la zone avant du châssis, les deux ailerons de style Mercedes ont été ajoutés, ce qui aide à maintenir le flux adhérent au reste de la voiture, grâce à un effet de lavage vers le bas.
Les modifications apportées à la zone avant de la MCL35M avaient déjà commencé en Espagne, tandis que l’arrière de la voiture de Norris et Ricciardo se comporte plutôt bien dans les virages rapides, également grâce au long empattement.
De petites évolutions chez Ferrari
Des innovations techniques ont également été observées chez Ferrari, mais pas aussi importantes que celles de Mclaren. La principale mise à jour sur la SF21 concernait l’aileron avant, dont les pilotes ont fourni des commentaires positifs et qui a fini par être confirmé pour les qualifications et la course.
Le nouvel aileron avant a été revu au niveau des pieds d’attache, où la voûte a une forme plus large, ce qui confirme la tendance des équipes à apporter plus de flux d’air vers la partie inférieure. Les volets qui régulent l’incidence dans la nouvelle spécification ont une forme plus large, avec le dispositif de réglage déplacé vers la plaque d’extrémité.
Ferrari a essayé de profiter d’être sur une piste rapide et d’avoir une monoplace rapide sur la ligne droite du mistral. À cet égard, l’aileron arrière « cuillère », déjà vu le vendredi à Imola et à Bakou, a été testé et confirmé samedi.
Ce choix s’est avéré être un bon choix en qualifications, alors qu’en course, les réglages plus fins ont eu un impact négatif sur les pneus, qui ont été plus sollicités. Ferrari a été parmi les monoplaces à souffrir le plus de la dégradation thermique, ce qui a fait sortir les deux rouges du top dix.
Ferrari semble également toujours avoir un léger écart en termes de puissance par rapport à Honda et Mercedes (environ 15 chevaux), ce qui amène les ingénieurs à privilégier des solutions avec moins de traînée sur les ailerons.
Pour réduire davantage les turbulences et avoir un écoulement plus propre, Ferrari a couplé le plan principal de l’aileron arrière « cuillère » (forme de l’aileron) avec une plaque d’extrémité coupée dans la zone inférieure.
Le défi technique sur le Paul Ricard portait également sur la question de la « pression des pneus », après les accidents de Stroll et Verstappen à Bakou. Les changements de température et les contrôles de pression par les employés de la FIA et de Pirelli ont désormais pour but d’éviter la ruse de la part des équipes qui ont « abaissé » les pressions. Des joints ont été ajoutés aux valves et des contrôles ont été effectués sur les pneus froids et chauds.
McLaren troisième force du plateau
Après le Grand Prix de France, l’équipe McLaren a repris la troisième place au championnat des constructeurs et devance désormais Ferrari de seize points.
Le duel Ferrari – Mclaren reprendra dès ce week-end lors de la double course en Autriche, une piste qui en théorie pourrait voir une Ferrari plus à l’aise. En effet, la piste de Spielberg ne présente pas de courbes particulières en appui, hormis dans le deuxième secteur.
Mais Mclaren a toujours une voiture très efficace et rapide dans les lignes droites, et il sera donc difficile de comprendre qui sera le plus avantagé entre les deux équipes sur le tracé du Red Bull Ring.
De plus, on ne s’attend pas à d’énormes étapes évolutives, avec de nouvelles pièces, mais seulement des adaptations à la piste. De nombreuses équipes se concentrent sur 2022 et la quasi-totalité du service technique consacre désormais des ressources aux monoplaces de l’année prochaine.