L’équipe Panthera Asia F1 n’a peut-être pas dit son dernier mot et espère bien obtenir le feu vert de la FIA et de la F1 pour être sur la grille en 2026.
Il y a quelques années [en 2019], Panthera Asia F1 a annoncé son intention de faire partie de la grille de la Formule 1 en tant que nouvelle équipe à partir de la saison 2022. Cependant, l’arrivée de la pandémie de Covid 19 est venue saboter les plans de l’équipe et quatre longues années se sont maintenant écoulées depuis l’annonce en 2019.
Malgré les difficultés rencontrées dès le début de l’aventure, Panthera Asia F1 n’a jamais « lâché l’affaire » et compte bien venir jouer dans la cour des grands en Formule 1 d’ici quelques années : « Ça a été des montagnes russes. Nous aurions pu abandonner depuis longtemps ce projet, mais nous y croyons. » a déclaré Benjamin Durand, cofondateur et directeur de Panthera Asia F1 à nos confrères de Planet F1.
« Le problème particulier lorsque vous souhaitez créer une équipe de Formule 1 est d’aligner toutes les planètes. Donc, quand nous avions l’argent, la FIA et la F1 n’étaient pas prêtes, car à l’époque, elles renégociaient l’Accord Concorde. Ils n’étaient donc pas prêts à accueillir une nouvelle équipe tant qu’ils n’avaient pas signé les équipes existantes. »
« Ensuite, nous avons également discuté avec Renault pour être partenaire sur le plan technique. Ils ont subi de nombreux changements de direction au cours des cinq dernières années, et cela a eu un impact direct sur notre projet. »
« Les choses étaient de retour pour la possibilité pour nous d’entrer [en F1], mais la pandémie est arrivée et nous avons perdu le financement. Nous avons donc dû retravailler sur le plan financier. C’est une montagne russe continue. »
Récemment, la FIA a annoncé qu’un processus de manifestation d’intérêt serait prochainement lancé pour l’éventuelle arrivée d’une nouvelle équipe dans le championnat du monde de F1, une nouvelle voie qui devrait faciliter la vie de tout nouveau entrant potentiel en leur permettant de déposer leur demande via un processus clair.
Bien que la mise en place de ce processus n’en soit qu’à ses débuts, Benjamin Durand souligne que son équipe a déjà travaillé avec la FIA depuis le début du projet et sait donc à quoi s’attendre : « Il était inutile pour nous d’aller de l’avant tant que nous n’aurions pas sécurisé tous les autres aspects du projet. »
« Nous savons quel a été le processus pour Haas [lors de son arrivée en F1 en 2016], et lors de la discussion que nous avons eue avec la FIA et l’équipe juridique, ils nous ont dit qu’ils reproduiraient plus ou moins le même processus qu’auparavant. »
« Nous avons besoin d’une confirmation, c’est ce que nous attendons en ce moment. On nous a dit que d’ici la fin du mois [de janvier], ils publieront exactement ce qu’ils attendent des équipes. Et je ne pense pas que nous soyons loin de la vérité dans ce que nous avons déjà. »
« Les choses de base dont ils nous ont parlé à l’époque sont la sécurité financière de l’équipe, le savoir-faire technique et managérial, et ensuite ce que nous pouvons apporter à la F1 pour faire grandir le championnat. Ce sont les principaux facteurs pour lesquels nous devons cocher les cases. »
Attente du feu vert de la FIA et de la F1
L’équipe Panthera se dit prête à reprendre ses activités une fois qu’elle aura reçu le feu vert de la FIA et de la F1, alors qu’avant le Covid, le projet était déjà à un stade très avancé.
« Le Covid a stoppé les choses pour nous. Nous avons commencé à développer la voiture du côté aérodynamique, nous avons travaillé sur la nouvelle réglementation à l’époque, nous avons fait quelques développements CFD et nous avons quelques IP [propriété intellectuelle] concernant la voiture, mais nous avons stoppé. »
« Nous sommes prêts à reprendre. Nous avons plusieurs personnes qui sont prêtes à monter à bord qui ne sont pas, pour la plupart, encore engagées en Formule 1, donc elles n’ont pas de congé de jardinage [période durant laquelle un employé qui quitte une équipe n’a pas le droit d’en rejoindre une autre, ndlr] etc… »
« Nous travaillons avec une société de recrutement de haut niveau à Londres, spécialisée dans la Formule 1 et le sport automobile. Nous sommes donc convaincus que nous pourrons redémarrer le service RH et le service technique à temps. » insiste Durand.
En F1 au mieux en 2026…
Dans le cas d’un accord de la part de la FIA et de la F1, l’équipe Panthera ne serait pas en mesure de placer ses deux monoplaces sur la grille avant la saison 2026 selon Benjamin Durand qui insiste sur le fait qu’il ne s’attend pas à avoir une réponse avant au moins le mois de mai de cette année.
« Dans quelques semaines, nous pourrons remettre en place le département aéro que nous avions. Ils sont sur le point de départ, prêts à démarrer. Notre recrutement du personnel prendra évidemment plus de temps, notamment pour les spécialistes, pour le pit crew et les gens de piste. C’est pourquoi c’est peut-être un peu plus délicat, mais il y a des gens disponibles. »
« Ce qui est triste avec le plafond budgétaire, c’est que beaucoup de gens ont été licenciés. Il y a donc beaucoup de monde disponible. Cela nous donne aussi le temps de former les gens. »
« Nous ne prévoyons pas de construire, par exemple, une soufflerie tout de suite. Il s’agit d’un investissement énorme qui n’est honnêtement pas si nécessaire en ce moment, car vous utilisez la soufflerie la moitié du temps maintenant, vous pouvez donc conclure un accord avec une équipe existante pour partager la soufflerie ou bien il existe des souffleries disponibles en Europe qui peuvent être utilisées. »
« Mais tout dépend du moment où vous obtenez la réponse [pour une entrée en F1], car il est évident qu’aucun investisseur ne souhaitera investir beaucoup d’argent tant que nous n’aurons pas l’entrée. Mais j’imagine que le processus prendra quelques mois, et je ne vois pas de décision prise au mieux avant mai. Je considère qu’il est raisonnable de penser qu’il faudra quatre à cinq mois pour s’assurer que nous avons la bonne équipe »
« Donc, si vous commencez en mai, ce sera très serré pour être prêt pour 2025. Il vaut mieux partir pour 2026. La bonne chose avec la réglementation actuelle, c’est que vous pouvez acheter 70% de la voiture d’un autre constructeur. »
Un pré-accord avec un motoriste
Concernant l’unité de puissance qui serait montée à l’arrière de la Panthera, Durand indique qu’un pré-accord a déjà été signé avec l’un des constructeurs déjà présents en Formule 1 mais que rien n’est gravé dans le marbre et que cela pourrait encore évoluer d’ici 2026.
« Nous avons eu une discussion avec pratiquement tout le monde dans le paddock. Nous avons un pré-accord avec l’un des constructeurs. Cela dit, nous sommes également très prudents concernant l’unité de puissance, car nous pensons qu’il y aura six constructeurs en 2026. »
« Nous ne sommes enfermés avec personne pour le moment, nous avons un pré-accord avec l’un d’entre eux, mais ce n’est qu’une lettre d’intention. Nous discutons également avec certains fabricants en Asie qui pourraient venir sur les moteurs de Formule 1 à un moment donné, mais je ne pense pas qu’ils s’associeront avec nous au début, ils ne seront certainement pas prêts à construire un moteur pour 2026. »
Des objectifs réalistes
Dans le cas où la FIA et la F1 valident le projet et que Panthera est autorisée à aligner deux monoplaces sur la grille de la Formule 1 en 2026, Durand admet qu’il serait « complétement ridicule » de chercher à viser un titre mondial dès la première saison de cette petite équipe.
« Il serait ridicule pour moi de dire « ok, nous voulons venir, gagner le championnat et être champion dans cinq ans, nous serons des champions. » Non, ce n’est pas réaliste. Le but sera d’apprendre au début […] Je pense que les objectifs pour les premières saisons sont d’être présents, de grandir, de marquer des points quand nous le pouvons et ne pas avoir cinq secondes de retard. »
« On ne s’attend pas à avoir cinq secondes d’avance, on s’attend à être là avec les autres dans la seconde moitié de la grille, c’est le but. »
« Ensuite, après les cinq premières années, 10 ans, etc., nous devrons voir où nous en sommes. Quels sont les prochains objectifs ? L’objectif est de grandir, il ne s’agit pas seulement d’être candidat. »
« De plus, nous pensons que nous avons de bonnes opportunités à l’avenir pour amener un autre constructeur asiatique au championnat. Ce serait aussi l’objectif d’essayer de faire monter le jeu. Si nous voulons un jour être compétitifs, au point de pouvoir concourir pour les podiums, nous devons avoir un constructeur derrière nous car c’est très difficile pour une équipe privée de le faire, même avec le plafond budgétaire. »
Pour lire l’interview complète (en anglais) de Benjamin Durand, veuillez cliquer sur ce lien qui vous redirigera vers Planet F1.