Alors que les équipes de F1 doivent voter au mois de juillet pour savoir si les couvertures chauffantes seront interdites pour la saison 2024, plusieurs pilotes ont déjà mis en garde sur le fait que les premiers tours de roue seraient extrêmement difficiles, voire dangereux en cas de températures trop basses.
Dans le but d’améliorer son impact écologique sur la planète, Pirelli – le manufacturier unique de la Formule 1 – a développé avec l’aide des équipes de la grille des pneumatiques capables de fonctionner immédiatement sans avoir été préchauffés par des couvertures chauffantes.
Les pneus Pluie sans couverture ont déjà été introduits cette saison au Grand Prix de Monaco, tandis que les pilotes ont testé les pneus Slicks sur le circuit de Barcelone juste après le Grand Prix d’Espagne au mois de juin.
Mais après ces tests, George Russell et Charles Leclerc ont chacun exprimé leurs inquiétudes en matière de sécurité quant à l’utilisation des pneus non chauffés, notamment parce que les essais réalisés à Barcelone n’étaient pas suffisamment représentatifs selon le pilote Mercedes avec une température de l’air supérieur à 20°.
« Avec le recul, je pense que ça n’a pas été testé dans les bonnes conditions sur le bon circuit. » a déclaré George Russell à propos du test Pirelli qui a eu lieu à Barcelone après le Grand Prix d’Espagne.
« Je pense que si vous allez sur un circuit comme Barcelone, qui a un asphalte agressif, la température de la piste était d’environ 40 degrés et entièrement gommée depuis le début du week-end. L’adhérence des pneus était très sommaire en sortant de la voie des stands, mais à partir du cinquième virage nous avions un niveau [d’adhérence] respectable. »
« Mais si je compare cela par rapport au début de l’année, lorsque j’ai roulé à Jerez avec une température de piste de dix degrés, c’était extrêmement difficile lors du tour de sortie des stands. »
« Pour être tout à fait honnête, je ne pense pas que nous soyons en mesure d’introduire ces pneus dans un scénario de course. Je serais très inquiet pour tous les mécaniciens dans la voie des stands lors d’un arrêt, je serais très inquiet pour le tour de sortie dans des conditions froides. Il y aura des crashs, je n’en doute pas. »
« Je pense qu’il y a beaucoup de travail, de dépenses et de développement dans ces pneus, et j’ai l’impression que tout ça pourrait être mis ailleurs. »
Le pilote Ferrari Charles Leclerc – qui a lui aussi participé au test Pirelli à Barcelone – a fait échos aux propos de Russell quant à la performance des pneumatiques sans couverture chauffante.
« Je dois dire que dans les conditions que nous avons pu avoir durant les essais, c’était bien et ça s’est bien passé. » a déclaré le Monégasque.
« Mais oui, à des températures plus basses, je ne sais pas…Je n’ai pas testé ces pneus à des températures plus basses et c’est là que se trouve le gros point d’interrogation. »
« Donc, c’est très difficile de dire si je suis heureux ou pas. J’aimerais peut-être tester ces pneus dans différentes conditions et voir ensuite s’ils sont utilisables dans toutes les conditions. Mais encore une fois, ce fut un test positif avec les conditions de Barcelone. »
« Vous avez quatre ou cinq virages où c’est très délicat, là où les pneus doivent monter en température. Quand vous êtes seul sur la piste, ce n’est pas vraiment un problème. Mais bien sûr, si vous pilotez avec d’autres voitures, cela peut devenir très difficile à gérer. »
« Si cela ne dure que quatre ou cinq virages même dans les conditions avec des températures basses, c’est quelque chose que nous pourrions envisager. Mais évidemment, avec des températures très basses, je m’attends à ce que ce soit beaucoup plus long. La période de chauffe pourrait alors devenir très difficile. »
D’autres tests auront lieu sur le tracé de Silverstone au Royaume-Uni en juillet. Après ce test, la décision sera prise si oui ou non les couvertures chauffantes seront interdites en Formule 1.
Pour rappel : l’interdiction des couvertures chauffantes en Formule 1 a été repoussée de quelques années car l’introduction des nouvelles réglementations en 2022 en parallèle du bannissement des couvertures chauffantes aurait rendu la tâche trop compliquée à Pirelli qui aurait eu alors trop de nouveaux paramètres à prendre en compte.