Les différences entre le volant Ferrari de Sainz et celui de Leclerc

30 octobre 2021
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En F1, tout est soigné dans les moindres détails pour essayer d’extraire le maximum de potentiel du pilote et de la voiture, dans un sport où même un millième de seconde détermine un succès ou une défaite.

A l’ère moderne de la F1, les ingénieurs répondent également aux besoins de confort de conduite du pilote et les volants modernes sont en réalité de véritables ordinateurs de bord, bien loin de leur fonction première qui est de guider la monoplace. Ils sont spécialement conçus par les équipes pour essayer d’obtenir le maximum d’efficacité en fonction du style de pilotage du pilote. La Scuderia Ferrari a toujours joué la prudence sur ce front et a historiquement répondu aux besoins des pilotes du point de vue de la personnalisation du cockpit et du volant.

Les volants modernes, en particulier ceux de l’ère du moteur hybride, contrôlent d’innombrables paramètres de ces monoplaces ultra-sophistiquées. Il est donc important que le pilote puisse interagir précisément et rapidement avec tous les boutons et cadrans rotatifs sur les volants.  C’est précisément pour cette raison que chaque pilote a besoin de sa propre personnalisation de la disposition des boutons, en fonction de son style de conduite.

Sur la Ferrari SF21, Leclerc et Sainz ont des volants apparemment similaires, mais en réalité très différents. Si nous devions inverser les volants, les deux pilotes ne seraient pas en mesure d’effectuer toutes les fonctions requises à la radio par le mécanicien de piste pendant les séances. Une anecdote à ce sujet remonte à 2018, lorsque, lors d’un spectacle à Milan, Sebastian Vettel a utilisé le volant de Kimi Raikkonen et est allé frapper les barrières en cherchant l’embrayage.

Un gros travail des techniciens de Maranello sur le volant est obligatoire à chaque fois qu’il y a un nouveau pilote dans l’équipe, et avec l’arrivée de Sainz en ce début de saison, toute son équipe d’ingénieurs a travaillé tout l’hiver pour lui fournir un volant qui convenait à ses besoins. Le pilote madrilène arrivé fraichement de chez Mclaren a utilisé un volant très différent de celui de la Ferrari standard durant quelques mois et a donc demandé que certaines fonctionnalités soient implémentées sur son nouveau volant en arrivant à Maranello.

Un aspect macroscopique concerne la conception des leviers qui contrôlent l’embrayage, situés dans la partie arrière de la jante du volant : par rapport à Lerclerc, celui de Sainz a nécessité une révision substantielle, en adoptant deux leviers plutôt qu’un seul. En fait, Leclerc n’utilise qu’une seule pagaie, qui peut être actionnée avec la main droite au départ, et avec une prise ergonomique pour les troisième et quatrième doigts de la main.

Cette solution a été demandée par le Monégasque début 2020 pour améliorer le débrayage de l’embrayage en phase de démarrage. Carlos Sainz, en revanche, préfère la solution à double levier, l’un indépendant de l’autre. Les deux leviers d’embrayage que Sainz utilise au départ sont également différents, celui de droite étant plus court que celui de gauche.

La poignée des deux leviers d’embrayage a également une hauteur inférieure à celle de Leclerc, ce qui a nécessité une modification de la partie arrière du volant. En effet, en partie basse se trouve un appui qui dépasse de la partie avant, formant une sorte de bosse calculée à la limite pour ne pas frotter avec les jambes du pilote dans l’habitacle. Ce travail a évidemment été fait pour satisfaire les demandes du pilote espagnol, sans bouleverser complètement la forme du volant utilisé par Ferrari.

Quant à l’avant, les volants se ressemblent beaucoup plus et pour des yeux non avertis, il est difficile de saisir la diversité des choix. Sainz lui-même n’est pas allé renverser ce qui était la disposition de base utilisée par son coéquipier Leclerc et une grande partie du panneau de contrôle a été conservée. Étant donné que la jante Mclaren était beaucoup plus simplifiée, Sainz a préféré s’inspirer de son coéquipier et étudier toutes les différences, en gardant les solutions implémentées sur le volant de Charles Leclerc.

Dans la partie inférieure, les cadrans rotatifs sont pratiquement identiques et contrôlent tous les paramètres principaux, qui peuvent également être visualisés sur l’écran multifonctions de la partie supérieure. La roue principale (avec le logo Ferrari) est pratiquement inchangée, à l’exception de quelques petites différences dans l’ordre des modes à afficher. Il active des paramètres prédéfinis qui régulent la cartographie, le débit de carburant et le système hybride, en choisissant entre « mode course », « mode voiture de sécurité » ou encore « mode stand »

Le sélecteur en bas à droite (flèche 1) est celui qui est le plus utilisé en qualifications et qui modifie les cartographies du moteur thermique, qui peuvent être sélectionnées dans 12 modes différents (1 min -12 puissance max). Les différences substantielles se trouvent dans la partie supérieure du volant, où Sainz l’a personnalisé plus que Charles Leclerc. Les roues numérotées jaunes (flèche 2) au dessus de la poignée du volant contrôlent les cartographies batterie à gauche (soc in), et le frein moteur (EB – Engine Break) à droite. Leclerc contrôle les paramètres différentiels avec ces sélecteurs, tandis que Sainz interagit avec eux via les molettes sur les côtés de l’écran (flèche 3).

Les gros boutons sur les côtés du volant sont inchangés pour les deux et actionnent le point mort (N) et le limiteur de vitesse pour la voie des stands (P). Sainz, près du bouton radio, a un bouton qui indique à l’ingénieur qu’il a capté l’appel dans les stands (PC – confirmation des stands – flèche 4). Leclerc utilise à la place ce bouton pour actionner la pompe qui apporte de l’eau pour étancher sa soif.

Le bouton violet CHR juste en dessous, en revanche, active le mode « recharge » de la batterie (flèche 5). Leclerc,pour sa part, a le mot « SLO » (lent), et on entend souvent son ingénieur appeler le pilote pour qu’il actionne ce bouton en fin de séance, pour régler le moteur sur le mode le plus conservateur possible. La plupart des autres fonctions sont standardisées pour les deux pilotes, à la différence que Sainz utilise les deux boutons à l’arrière et en haut du volant pour modifier l’équilibre des freins et contrôler les freins « by wire ».

Toute la partie de l’affichage et des LED est imposée et réglementée par la FIA et est donc sensiblement uniforme pour toutes les équipes. A partir des LED centrales, le pilote observe les tours du moteur qui indiquent quand changer de vitesse. Les unités de puissance ont une limite imposée de 15 000 tr/min. Avec le DRS ouvert, ou avec le bouton de dépassement activé, la première paire de LED à gauche s’allumera. Cela peut être personnalisé par le pilote, mais généralement presque tout le monde s’est conformé à ce choix. Les trois LED verticales à gauche et à droite de l’écran s’activent lors de l’intervention du directeur de course et sont colorées de la couleur des drapeaux affichés par les commissaires afin d’avertir le pilote en temps réel.

Ce qui est affiché à l’écran est entièrement personnalisable par les équipes et le pilote. Ferrari propose une disposition d’écran qui permet de visualiser simultanément des paramètres tels que les températures des quatre pneus et des disques de frein pendant la course. Les paramètres les plus utilisés par toutes les équipes sont le temps au tour, le delta de temps à respecter en cas de Safety Car ou de Safety Car virtuelle, la vitesse et l’indicateur de charge de la batterie. Pour ce dernier, Ferrari utilise une barre horizontale dans la partie inférieure de l’écran pour les deux pilotes, avec l’indicateur qui se remplit de vert lorsque la batterie est à 100%.

Voilà, vous en savez un peu plus désormais sur les différences de paramétrage des volants entre les deux pilotes de la Scuderia Ferrari en 2021. N’oubliez pas de laisser un commentaire pour savoir si cet article vous a plu ou bien si vous avez des questions, nous essaierons d’y répondre rapidement.

3 Comments Laisser un commentaire

  1. Super article, on ne se rend pas forcément compte du nombre de choses que le pilote a à gérer en plus du pilotage, ça peut peut être même expliquer certaines différences de performance entre eux, merci pour ces infos !

  2. J’avoue être impressionné par cet article, je dirais même totalement dépassé !
    J’ai connu la F1 dans les années 60′, j’ai conduit une (petite) monoplace dans les années 70′, avec un volant, 3 pédales et un levier de vitesses.
    Aujourd’hui je n’oserais même pas toucher le volant.
    En plus de savoir (bien) piloter ils doivent savoir gérer tous ces « trucs ». Bravo à eux.
    Simple réflexion de vieux.

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Rosario Giuliana

Rosario Giuliana est un illustrateur technique spécialisé en F1 et produit des analyses techniques depuis 2018.

Rosario Giuliana travaille avec F1only.fr, mais est également rédacteur en chef de Motorsportweek et MotorsportMonday.

Rosario a aussi collaboré avec le magazine officiel de la F1 et le groupe Motorpresse (Auto motor und sport / Sport Auto en Allemagne)