Le paddock dubitatif sur un retour de Bridgestone en F1

3 juillet 2023

Il se murmure depuis plusieurs semaines que Bridgestone aurait manifesté son intérêt pour un retour en F1 suite à l’appel d’offres lancé par la FIA en début d’année. A la clé, un juteux contrat permettant d’être l’unique fournisseur de pneus pour la F1 mais également pour la F2 et la F3 sur une période allant de 2025 à 2027. L’entreprise Japonaise connait bien la F1, avec pas moins de 244 Grands Prix à son actif (et 175 victoires), et le manufacturier arriverait donc en terrain connu bien que la réglementation a évidemment largement évolué au fil des années.

Absent de la catégorie reine depuis 2010, Bridgestone semble donc avoir du pain sur la planche en cas de retour si l’on en croit les chefs d’écurie qui se montrent plutôt prudents sur le sujet. Comme nous vous l’indiquions plus tôt dans l’année, Pirelli – l’actuel fournisseur de pneumatiques en F1 – devrait toutefois répondre présent à cet appel d’offres et serait alors en position de force étant l’unique fournisseur depuis maintenant 13 ans et travaillant étroitement avec les écuries pour le développement de ses gommes depuis toutes ces années.

Lorsqu’on demande à Franz Tost – directeur de l’équipe AlphaTauri – s’il estime possible l’arrivée du manufacturier Bridgestone d’ici 20 mois, l’Autrichien répond: « Tout d’abord, Bridgestone est une société très connue, elle a aussi beaucoup d’expérience en Formule 1, bien qu’elle ait été absente ces dernières années. »

« Je suis convaincu que Bridgestone est conscient de ce que signifie l’arrivée en Formule 1 et je ne serais pas surpris s’ils n’avaient pas déjà fait des tests au Japon, parce que lorsqu’ils sont revenus il y a 10 ou 15 ans, l’équipe dans laquelle je travaillais, l’équipe du Mans, était impliquée dans le développement des pneus, et Ralf Schumacher a fait les tests de pneus à l’époque, et c’était deux ans avant qu’ils n’arrivent en Formule 1. » a expliqué Tost.

« Sinon, s’ils n’ont pas commencé, je pense que c’est un peu tard parce que développer des pneus pour la Formule 1 actuelle est un énorme défi et il n’est pas facile de trouver la bonne façon d’avoir des pneus sûrs. »

« Je pense que pour la Formule 1, et pour la direction de la Formule 1, c’est une très bonne opportunité pour négocier avec Pirelli et  trouver une solution qui fournisse à la Formule 1 de meilleurs matériaux et un contrat plus rémunérateur. » conclut l’Autrichien qui quittera son poste de directeur d’AlphaTauri à la fin de cette et sera remplacé par le Français Laurent Mekies.

Guenther Steiner (Haas) émet également des réserves sur cette probable arrivée: « Il n’est pas facile de fabriquer un pneu de Formule 1. » admet l’Italien.

« Je pense que Pirelli en a fait l’expérience lors de son arrivée dans le sport, les premières années sont très difficiles. Je pense que Pirelli fait maintenant du bon travail. »

« Évidemment, Bridgestone est une bonne entreprise, ils connaissent la course et comme Franz [Tost] l’a dit, ils ont peut-être déjà commencé à développer certains pneus. Qui sait ? »

« Mais ce ne sera pas facile et ce ne sera pas sans douleur. Il n’est pas toujours facile d’acquérir de l’expérience. »

« Je pense donc que s’ils arrivent, ce sera difficile, mais en fin de compte, c’est à la FIA de vérifier s’ils ont les capacités techniques […] mais pour le moment, je ne sais pas vraiment où cela en est, ce qu’ils veulent faire. »

De leur coté, Christian Horner (Red Bull) et Alessandro Alunni Bravi (Alfa Romeo) sont interrogatifs sur le coté réglementaire de l’arrivée d’un nouveau fabricant de pneus qui nécessiterait des essais grandeur nature.

« Nous n’avons absolument aucun problème avec Pirelli pour le moment. Bridgestone est une marque et un fabricant de qualité. » a déclaré Horner.

« Je pense que leur seule complexité, et celle sur laquelle les équipes se disputeraient peut-être, c’est lorsqu’ils doivent approuver leur produit et que soudain une voiture d’essai doit être produite, qui produit la voiture d’essai ? Qui fait rouler la voiture d’essai ? Qui conduit la voiture d’essai ? Qui obtient ces informations ? Et comment faire cela de manière impartiale ? »

« C’est un sujet qui a toujours été un peu délicat historiquement. Il s’agit donc d’un point essentiel à aborder. »

Des propos rejoints par Alessandro Alunni Bravi, représentant de l’équipe Alfa Roméo : « Comme tout le monde l’a dit, nous sommes satisfaits de Pirelli. Je pense donc que c’est un choix très important pour l’avenir. »

« Il y aura de nouvelles réglementations pour les pneus, de nouvelles réglementations pour les châssis. Ce choix, qu’il y ait ou non un nouveau fournisseur de pneus, est donc un élément clé pour les équipes. »

« Mais nous nous en remettons à la FIA et à la procédure d’appel d’offres. Je pense qu’ils prendront en considération tous les facteurs. »

« Attendons donc de voir ce qu’il en est. Mais bien sûr, tout choix devrait donner aux équipes la possibilité, comme Christian [Horner] l’a dit, de tester correctement […] nous avons très peu de jours pour tester un ensemble complètement nouveau. C’est donc quelque chose que nous devrions prendre en compte. » Conclut l’Italien très prudent sur la procédure d’appel d’offres.

Rémy Calame

Fan de Formule 1 depuis son adolescence, Rémy s'est rapidement déplacé sur les Grands Prix en tant que fan. Amoureux de l'atmosphère régnant sur les circuits il a décidé de partager sa passion en vivant de l’intérieur la F1 avec Cesare et F1only.fr