Véritable temps suspendu lors d’un week-end de Grand Prix de F1, le départ d’une course est le moment attendu et redouté de tous. Alors que vingt-mille chevaux s’apprêtent à être lâchés, les yeux sont rivés sur cinq feux s’allumant à tour de rôle, laissant la pression monter un peu plus chaque seconde pour ensuite s’éteindre et libérer les vingt monoplaces prêtent à en découdre au premier virage.
Si le tout est parfaitement rodé et peut sembler être automatisé il n’en est rien. De l’allumage du premier feu jusqu’à l’extinction, le tout est géré par l’humain et plus précisément par Christian Bryll, starter officiel de la Formule 1.
L’allemand nous a emmené dans ce qui pourrait être le plus beau bureau du monde, la cabine de départ (et d’arrivée) pour nous expliquer son rôle (voir aussi en vidéo au bas de l’article) : « Pour suivre la procédure de départ, il y a notre panneau de commande. » nous explique Bryll.
« Nous devons d’abord configurer le tour de formation. Une fois que le tour de formation commence, les voitures vont faire leur premier tour. » [Sauf problème particulier le tour de formation part toujours à l’heure officielle du Grand Prix, matérialisée par l’horloge Rolex, le tour de formation n’est pas décompté des tours prévus au Grand Prix]
« Ce voyant s’éteint après 20 secondes. Maintenant que toutes les voitures seront parties, je signalerai à la direction de course « ok j’ai une grille dégagée », les voitures reviennent ensuite et elles s’alignent. »
« Tous mes commissaires vérifient la position des voitures, nous ne voyons pas de panneau jaune [indiquant un problème sur la grille] , j’appuie la première fois sur le bouton de départ. Le compte à rebours commence… 3, 4, 5, et maintenant c’est à moi de décider quand je démarre, et je démarre maintenant ! » [en appuyant sur ce même bouton de départ].
Lorsqu’on demande à Christian Bryll s’il a des yeux derrière la tête pour surveiller également la partie de la piste après la ligne de départ, le starter répond : « Je n’ai pas d’yeux à l’arrière de la tête, mais j’ai normalement ma collègue Rebecca Lee avec moi. »
« Elle garde donc aussi un œil sur la piste. Si elle voit quelque chose, elle me donne un coup sur le côté, elle peut aussi me parler par l’intermédiaire d’un casque et me dire qu’il y a un problème avec ce coté de la piste. Et alors je vérifierai ce qu’elle a vu et j’annulerai le départ. »
« Pour ce qui est du moment fort [le départ], c’est vraiment agréable parce que beaucoup de gens pensent toujours que c’est complètement automatisé. Et encore une fois, il y a ce facteur humain. »
« C’est ce qu’il se passe lorsque je dois appuyer une deuxième fois pour lancer et être concentré pour annuler le départ lorsqu’il doit être annulé. » Conclut Christian Bryll qui a intégré la FIA il y a maintenant neuf ans.
Avant chaque départ, lors de la mise en place des monoplaces sur la grille, vous pouvez apercevoir les feux qui s’éteignent progressivement, il s’agit d’un compte à rebours destiné aux personnes présentes sur la grille leur indiquant que le départ est imminent. Les mécaniciens peuvent ainsi peaufiner la préparation des voitures et des pilotes jusqu’aux derniers instants, les feux s’éteignent l’un après l’autre ainsi :
- 5 minutes avant le tour de formation
- 3 minutes avant le tour de formation
- 1 minute avant le tour de formation
- 45 secondes avant le tour de formation
- 15 secondes avant le tour de formation (plus aucun mécanicien ne doit se trouver sur l’asphalte à ce moment là)
Lors du tour de formation, les mécaniciens d’un coté et de l’autre de la grille dégagent la piste, au retour des monoplaces sur la grille de départ si une anomalie est constatée (pièces sur la piste, problème technique…) par Christian Bryll ou l’un de ses commissaires, le départ peut être avorté, les pilotes repartent alors pour un nouveau tour de formation qui cette fois est décompté du nombre de tours prévu en course.
Si jamais un pilote prend un faux départ la course continue mais le pilote en question sera alors sanctionné, soit par un drive-through (passage par la voie des stands sans s’arrêter) soit part un stop and go de 10 secondes (réalisé lors d’un arrêt aux stands).
Au risque d’en décevoir certains il n’existe pas de formation diplômante pour devenir starter officiel de F1.
Episode 2 – FIA Insights: Formula 1 start lights explained ?#FIA #F1 #FIAInsights #Formula1 @F1 pic.twitter.com/DkX6vApp6L
— FIA (@fia) July 7, 2023