Alors que Pirelli vient de boucler deux journées d’essais avec l’aide de Ferrari sur le circuit Paul Ricard dans le sud de la France pour développer ses pneumatiques pluie 2025, le manufacturier unique de la Formule 1 n’a jamais caché que les possibilités de rouler sur une piste humide tout au long de l’année sont très limitées et que le temps presse désormais pour mettre au point les gommes pluie de la saison prochaine.
Les tests organisés juste après le Grand Prix de Monaco sur le circuit Paul Ricard n’étaient pas les premiers de l’année pour Pirelli, puisqu’avant le début de la saison au mois de février, la firme italienne a réalisé des essais à Barcelone en Espagne avec Ferrari, puis à Jerez avec Aston Martin et Mercedes, avant un dernier test organisé au Japon sur le circuit de Suzuka avec les équipes Stake et Visa Cash App RB.
Si au Japon Pirelli a pu tester ses pneus pluie grâce à une météo pluvieuse, cela n’a pas été le cas en Espagne plus tôt dans l’année où les restrictions d’eau n’ont pas permis aux responsables des circuits d’arroser artificiellement le tracé avec l’aide de citernes comme ce fut le cas les années précédentes.
« On ne peut pas contrôler les conditions météo. Donc, ce qu’on a fait en début de saison à Barcelone et à Jerez, on leur a demandé d’arroser la piste avec les camions citernes car ils ont ce système qui leur permet de mettre de l’eau sur la piste mais ce n’est pas aussi bien qu’au Paul Ricard, c’est un peu moins bien mais c’est quelque chose qui est faisable. » nous confie Mario Isola dans un entretien exclusif pour F1only.fr.
« Malheureusement, en janvier et février, il n’y avait pas du tout de pluie en Espagne et ce problème de sécheresse a obligé le gouvernement à interdire l’utilisation de l’eau pour ce genre de tests. »
« Nous n’étions pas autorisés à utiliser l’eau pour ça et bien sûr, il y a des priorités dans la vie et c’est totalement compréhensible mais nous avons été malchanceux à cause de cette situation avec la météo. Nous avons manqué cette opportunité. »
« Nous aurons les pneus wet (pluie) dans les remorques pour Silverstone. A Silverstone, il pleut un peu plus donc nous pouvons espérer qu’il y aura de la pluie mais on ne sait pas. On a vérifié ça avec eux aussi mais ils n’ont pas la possibilité d’arroser la piste avec un système artificiel. »
En arrivant sur le tracé Paul Ricard cette semaine, Pirelli avait donc peu de données à sa disposition concernant ses pneus pluie (celles récoltées à Suzuka), ce qui signifie que ces deux jours d’essais en France sont très importants dans le cadre du développement des pneus pluie 2025.
Mais lorsqu’on demande à Mario Isola pour quelle raison Pirelli ne réalise pas tous ses tests sur le tracé français, l’Italien nous explique qu’il est impératif de tester les pneus sur différentes pistes afin de récolter un maximum de données pertinentes : « Le Paul Ricard est une très bonne piste pour les tests en conditions humides puisqu’elle peut être arrosée et ils peuvent contrôler le niveau d’eau sur la piste. »
« C’est très important dans ces tests en conditions humides de pouvoir contrôler précisément le niveau d’eau parce qu’un petit changement de niveau d’eau peut avoir une grosse influence sur le niveau de performance. »
« Parfois, quand et où nous ne pouvons pas exactement contrôler le niveau d’eau, nous testons différents prototypes et nous ne sommes pas 100% certains de trouver la juste différence entre eux. »
« Ce qu’il y a, c’est que nous devons faire des tests sur différentes pistes qui présentent des caractéristiques différentes, parce que si on regarde les données des tests effectués par le passé, nous avions la possibilité d’effectuer des tests sur le Paul Ricard et à Fiorano. »
« Sur le Paul Ricard, c’est le circuit court parce qu’une seule partie du circuit peut-être utilisée pour ces conditions humides. C’est une configuration à peu d’impact [en termes de sévérité du tarmac] comme à Fiorano. »
« Donc ce qui s’est passé avant, c’est qu’on a développé nos pneus sur ces deux pistes, ils étaient ok comparés à avant et en écoutant les commentaires des pilotes, ces pneus étaient bien meilleurs, avec une bien meilleure performance, nous trouvions une différence assez incroyable avec parfois 5, 6 secondes au tour de différence à Fiorano et aussi sur le Paul Ricard. »
« Ce qu’il se passe c’est que quand on utilise ces pneus sur des circuits à haute sévérité, alors vous surchauffez les bloc [les crampons des pneus pluie]. La première chose, c’est qu’il y a ces mouvements des blocs et la deuxième chose, c’est que cela génère de la chaleur à l’intérieur des blocs, cela chauffe les blocs et donc vous perdez de la performance. »
« Ce que nous n’avons pas trouvé à Fiorano et au Paul Ricard, c’était de mettre la bonne quantité d’énergie ou un niveau plus élevé d’énergie dans les pneus pour comprendre cet effet. Donc quand nous avons homologué les pneus, nous étions 100% certains de faire un pas dans la bonne direction. Ces pneus sont un pas dans la bonne direction mais pas ce n’était pas l’avancée que nous avions imaginé. »
« C’est pour cela que nous avons ce souci d’améliorer les caractéristiques de ces pneus Full Wet tout autant que nous voulons enlever les couvertures chauffantes des pneus intermédiaires, c’est l’autre objectif que nous avons. »
« Mais nous ne sommes pas en mesure de trouver un circuit avec un niveau d’eau qui peut être contrôlé, qu’on peut utiliser pour ce genre de tests. Pour information, chaque fois qu’on va faire des tests même en conditions sèches, comme on a pu faire au Mugello ou à Barcelone ou ailleurs, on a toujours avec nous les prototypes de pneus wet dans les remorques. »
Les prochains tests Pirelli auront lieu au Mugello (Italie), à Silverstone et à Monza juste après le Grand Prix d’Italie en septembre.