Située en plein désert des Mojaves, la ville de Las Vegas est réputée pour sa chaleur tutoyant régulièrement les 40° en été, un problème que les équipes de F1 ne rencontreront pas lors de leur venue dans le Nevada, le Grand Prix de Las Vegas étant programmé le 18 novembre 2023.
A ce moment de l’année, les températures avoisinent en moyenne les huit degrés la nuit (le départ sera donné le samedi soir à 22H00/le dimanche matin en France), et c’est donc un défi de taille qui attend les ingénieurs et les pilotes lors de ce tout premier Grand Prix de Las Vegas.
D’une part il sera difficile pour les pilotes de conserver les gommes à température lors des longs relais sur une piste possédant peu de virages à haute vitesse, et d’autre part la stratégie de course sera difficile à appréhender, notamment à cause du manque de données sur ce tout nouveau tracé.
Interrogé sur le sujet lors du Grand Prix du Japon, le responsable de l’ingénierie d’AlphaTauri, Jonathan Eddolls, compte bien s’appuyer sur les données collectées durant les essais hivernaux de la Formule 1, qui se déroulaient il y a encore quelques temps à Barcelone en Espagne, avant d’être délocalisés à Bahreïn.
« Je pense que jusqu’à présent, d’après le travail que nous avons fait, il y a beaucoup de longues lignes droites, pas mal de virages à basse vitesse, pas beaucoup de courbes à haute vitesse, donc peut-être il s’agira d’un circuit similaire à celui de Bakou [en Azerbaïdjan], ce genre de tracé. » estime Eddolls.
« Les températures seront probablement l’un des plus grands défis. Je pense que nous nous attendons à une température ambiante de dix degrés, ce qui ressemble beaucoup aux essais hivernaux. »
« Mais vous savez, pendant de nombreuses années, nous avons fait des tests hivernaux à Barcelone à ce genre de températures. Ce ne sera donc pas complètement nouveau pour nous. »
« Mais il est certain que c’est un pas en avant en termes d’utilisation de la voiture et des pneus par rapport à ce à quoi nous sommes habitués pendant une saison normale. » conclut Eddolls.
Pour rappel, lors des derniers essais hivernaux qui se sont disputés à Barcelone fin février 2022, les minimales étaient de sept degrés (au petit matin avant que les voitures ne roulent) et les maximales de 18 degrés.
Si l’on se réfère aux données météo de l’année 2022, les températures devraient être encore plus fraîches à Las Vegas durant le week-end du Grand Prix au mois de novembre prochain, puisque l’année dernière sur ces trois mêmes jours (16, 17 et 18 novembre), les minimales étaient de 3,3 degrés et les maximales de 16 degrés selon le centre de météorologie gouvernemental. La température au départ de la course est donc estimée à un dizaine de degrés cette année.
Du côté de chez Mercedes, on se prépare également à affronter des températures assez basses à Las Vegas, ce qui pourrait provoquer selon Andrew Shovlin, responsable de l’ingénierie chez Mercedes, du graining sur les pneumatiques.
« Oui, je pense que tout dépendra du froid qu’il fera. Si la [température] de la piste descend à un seul chiffre, ce serait similaire aux conditions des essais hivernaux, on fait un run, mais c’est très difficile pour les pneus de se mettre en route, ou il peut y avoir du graining et d’autres choses. » nous confie Shovlin.
« D’habitude, il suffit d’attendre que ça se réchauffe un peu. Ce sera donc intéressant d’avoir à courir et à se qualifier dans ces conditions, mais vous essayez simplement d’identifier les risques liés au nouveau circuit, de déterminer quelles seront vos possibilités, si vous avez besoin d’une voiture spécifique pour y faire face, et c’est ce que nous sommes en train de faire en ce moment. »
« Mais comme je l’ai dit, si nous sommes sur la partie la plus froide des prédictions, il est difficile de savoir comment ils [les pneus] vont fonctionner. »
Une montée en température difficile
Si les pilotes peuvent habituellement compter sur des virages / enchaînements rapides pour faire chauffer leurs gommes, ça sera une toute autre histoire sur le tracé de Las Vegas long de 6,12km. Comme vous pouvez le voir sur la vidéo ci-dessous, les 17 virages sont essentiellement lents et l’on compte trois lignes droites relativement longues, une première de 800 mètres, une deuxième de 1.9km et la dernière de 800 mètres avant le dernier virage.
Un problème d’autant plus sérieux quand on sait que les monoplaces sortent des stands avec des pneus moins chauds qu’auparavant. La réglementation technique impose en effet de limiter la température des couvertures chauffantes à 50 degrés pour les pneus à l’avant et à l’arrière (la température pouvait monter jusqu’à 100 degrés en 2021).
Le travail revient donc en partie aux pilotes qui ont dû s’adapter à sortir des stands avec des gommes plus froides. Les ingénieurs auront aussi leur rôle à jouer en optimisant par exemple les écopes de freins qui ont pour principale mission de diffuser l’air et refroidir les freins des F1, la chaleur dégagée lors des freinages pouvant être orientée il est probable que ces dernières soit utilisées pour maintenir les gommes à température.
50 Laps. 17 Corners. 3 Straights. 2 DRS Zones. Our 3.8 mile track will weave past world-famous landmarks, casinos and hotels cutting through the neon heart of the Las Vegas strip. Drivers will push their luck to breaking point at speeds of up to 212 mph. #LasVegasGP #F1 @F1 pic.twitter.com/HPia7tdPnW
— F1 Las Vegas (@F1LasVegas) September 2, 2022