Depuis l’introduction des moteurs hybrides en 2014, le poids des Formule 1 n’a eu de cesse d’augmenter ces dix dernières années. Alors qu’elles ne pesaient « que » 642 kg en 2013, les F1 de 2023 sont limitées à 796 kg (à vide). Cette hausse s’explique par la complexité des moteurs hybrides, le poids des batteries, les normes de sécurité avec notamment l’arrivée du halo, et plus récemment l’arrivée des pneus 18 pouces plus grands et donc logiquement plus lourds.
Profitant d’une toute nouvelle réglementation sur les unités de puissance (pourtant plus lourdes), la F1 avait déjà fait savoir qu’elle comptait réduire le poids des monoplaces en 2026 et cet objectif a été confirmé par Stefano Domenicali [PDG de la F1] et Mohammed Ben Sulayem [Président de la FIA], en affirmant que la génération actuelle était trop lourde. Si tout le monde semble d’accord sur ce point, il semble que les choses soient moins évidentes en pratique comme l’ont confirmé différents directeurs techniques le week-end dernier au Canada.
James Allison, actuel directeur technique chez Mercedes, a fait part de son approbation: « Je suis tout à fait d’accord avec Stefano [Domenicali], et il n’est pas le seul à penser que cette sorte de tendance inexorable à la hausse du poids doit être stoppée, puis inversée. Parce que, vous savez, d’une année sur l’autre, elles devenaient plus lourdes. Il n’est pas évident d’inverser la tendance. » confie le Britannique.
« Il est particulièrement délicat d’imaginer des règles techniques qui rendront la voiture beaucoup plus légère. Je pense que le moyen de l’alléger est d’abaisser la limite de poids et d’en faire notre affaire. »
« Si les voitures dépassent la limite, cela nous oblige tous à prendre des décisions assez difficiles sur ce que nous mettons dans nos voitures et ce que nous n’y mettons pas. »
Dan Fallows, qui a rejoint l’équipe Aston Martin l’année dernière, s’accorde avec son homologue mais souligne les obstacles sécuritaires et techniques à venir: « Je pense que je suis probablement d’accord avec James sur ce point. »
« Il y a des choses que nous pouvons probablement faire dans les règles pour aider. Je pense que l’abaissement de la limite de poids est un moyen d’y parvenir. Mais nous devons nous assurer que nous ne cherchons pas à compromettre la sécurité de quelque manière que ce soit en faisant cela. »
« Et il y a peut-être des choses que nous pourrions faire sur le plan architectural qui nous aideraient. Mais ce sera certainement un défi. Et je pense qu’il ne fait aucun doute qu’avec les réglementations sur les groupes motopropulseurs telles qu’elles sont définies, le défi est encore plus grand. »
Des propos soutenus par le Français Pierre Waché, directeur technique chez Red Bull: » Je suis d’accord avec mes collègues. Je ne suis pas sûr que nous aurons un changement significatif en termes de poids. »
« Et je suis d’accord pour dire que nous devrions le faire avec en tête la sécurité que nous voulons atteindre parce que c’est l’aspect le plus important, la sécurité a beaucoup été améliorée pour le pilote. Et nous n’aimerions pas compromettre cela. »
« De plus, je pense que l’unité de puissance qui est définie maintenant [pour 2026] est déjà massivement plus lourde que ce que nous avons actuellement. Je pense qu’il sera très, très difficile de l’alléger de manière significative. » conclut Waché.
La FIA a détaillé tous les changements à venir concernant les unités de puissance qui seront utilisées en Formule 1 à partir de la saison 2026. Ces changements concernent le carburant, le moteur à combustion interne (ICE), le système de récupération d’énergie (ERS), la disposition générale du moteur, l’utilisation des unités de puissance, les différentes restrictions liées aux essais et le volet concernant la réglementation financière. Vous pouvez retrouver notre dossier complet sur les moteurs F1 2026 à cette adresse.