C’était un 3 novembre : le chaos inaugural d’Adélaïde en 1985 et les adieux de Lauda

Le 3 novembre est une date de contrastes en Formule 1. Si elle a récemment été le théâtre du chaos moderne à São Paulo, elle a marqué, en 1985, un tournant historique avec la toute première édition du Grand Prix d’Australie à Adélaïde et les adieux d’une légende : Niki Lauda.

Ce Grand Prix constituait la seizième et dernière manche du Championnat du monde 1985, et le nouveau circuit urbain d’Adélaïde était un saut dans l’inconnu, perçu avec appréhension après les déboires des circuits temporaires de Détroit et Dallas. Cependant, le tracé s’avéra être un succès immédiat, offrant une course spectaculaire et éreintante.

Le départ d’une Légende

L’événement le plus symbolique de cette journée fut le dernier Grand Prix de Niki Lauda. Le triple champion du monde (1975, 1977, 1984), qui avait effectué un retour spectaculaire en 1982 après sa retraite, mettait fin à sa carrière. Sa course fut à l’image de sa dernière saison : difficile.

Parti 16e, l’Autrichien réalisait une belle remontée pour se battre dans le top 5. Au 57e tour, alors qu’il était en train de dépasser Ivan Capelli pour la quatrième place, ses freins (un point faible notoire de la McLaren TAG de l’époque) lâchèrent. Sa monoplace percuta le mur à haute vitesse, mettant fin à sa carrière sur un abandon brutal.

La Course de tous les Abandons

Le Grand Prix d’Australie 1985 fut une course d’usure, caractéristique de l’ère des turbos poussés à leurs limites. Seulement onze voitures furent classées à l’arrivée.

  • Ayrton Senna, en pole position (sa septième de l’année pour Lotus), mena la course avant d’être victime d’une panne de turbo.

  • Alain Prost, déjà sacré champion du monde, fut contraint à l’abandon précoce sur une panne de moteur.

  • C’est finalement le Finlandais Keke Rosberg (Williams-Honda) qui s’imposa. Sa victoire, la cinquième et dernière de sa carrière, fut acquise au prix d’une attaque totale, incluant un dépassement spectaculaire d’Ayrton Senna dans les stands juste avant l’abandon du Brésilien.

Cet événement du 3 novembre 1985 restera gravé comme l’inauguration réussie d’un circuit emblématique, la consécration de l’usure mécanique des moteurs turbo, et le dernier chapitre d’une des plus grandes carrières de l’histoire de la F1.

Histoire – 1976, le terrible accident de Niki Lauda qui a tant marqué la F1

Le 1er août 1976, le monde de la Formule 1 a été bouleversé à jamais lorsque Niki Lauda, l’un des pilotes les plus titrés de ce sport, a été victime d’un terrible accident lors du Grand Prix d’Allemagne sur le circuit du Nürburgring. L’accident, qui s’est produit au deuxième tour de la course, a causé de graves brûlures et des lésions respiratoires à Lauda, qui n’avait aucune chance de survivre. Miraculeusement, il s’en est sorti et a repris la compétition six semaines plus tard, inspirant des millions de personnes par sa résilience et sa détermination.

Les événements qui ont conduit à l’accident ont commencé plusieurs jours avant la course, lorsque Lauda et plusieurs autres pilotes ont protesté contre les conditions de sécurité au Nürburgring, arguant que le circuit était trop dangereux et ne devait pas être utilisé pour le Grand Prix. Malgré leurs efforts, la course s’est déroulée comme prévu, et Lauda, ainsi que 22 autres pilotes, ont pris le départ.

Quelques instants après le départ, le drame s’est produit. Alors que Lauda négociait un virage, sa Ferrari 312T2 a soudainement dévié de la piste et s’est écrasée dans un talus herbeux. Le choc a été si violent que la voiture a pris feu, piégeant Lauda à l’intérieur. Des passants se sont précipités sur les lieux, essayant désespérément de sortir Lauda de l’épave en feu, mais il était trop tard. Le feu avait déjà envahi la voiture et Lauda était gravement brûlé à la tête et au visage, ainsi qu’aux mains et aux bras.

Malgré la gravité de ses blessures, Lauda était conscient lorsqu’il a été sorti de la voiture et a pu quitter les lieux par ses propres moyens. Il a toutefois été transporté d’urgence à l’hôpital, où il a été placé dans un coma artificiel pour l’aider à se remettre des brûlures et des lésions respiratoires qu’il avait subies.

Au cours des semaines suivantes, Lauda a subi plusieurs interventions chirurgicales pour réparer les dommages causés à sa peau et à ses poumons. Son rétablissement a été lent et difficile, mais il était déterminé à reprendre la compétition dès que possible. Six semaines seulement après l’accident, Lauda a fait son retour au Grand Prix d’Italie, le visage lourdement bandé et équipé d’une nouvelle paire de gants spécialement conçus pour protéger ses mains.

Malgré ses blessures, Lauda a terminé quatrième de la course, prouvant au monde entier qu’il était toujours un concurrent redoutable. Il a remporté deux autres courses cette saison-là, terminant l’année à la troisième place du classement du championnat.

L’accident et le rétablissement de Lauda sont devenus l’un des moments les plus emblématiques de l’histoire de la Formule 1. Sa détermination et sa résilience face à un revers aussi dévastateur ont inspiré des millions de personnes à travers le monde et ont consolidé sa réputation comme l’un des plus grands pilotes de tous les temps.

L’accident a également eu un impact durable sur les normes de sécurité en Formule 1. Après l’accident de Lauda, le circuit du Nürburgring a été redessiné pour le rendre plus sûr pour les pilotes, et de nouvelles réglementations ont été mises en place pour garantir que toutes les pistes répondent à certaines normes de sécurité. Aujourd’hui, la Formule 1 est considérée comme l’une des séries de courses les plus sûres au monde, en partie grâce aux leçons tirées de l’accident de Lauda.

L’héritage de Niki Lauda perdure encore aujourd’hui, non seulement en tant que l’un des plus grands pilotes de l’histoire de la Formule 1, mais aussi en tant que symbole de résilience et de détermination. Son histoire inspirante restera à jamais gravée dans les mémoires comme un témoignage de l’esprit humain et de sa capacité à surmonter les défis les plus difficiles.