Susie Wolff se lâche sur Christian Horner : « Un vrai acteur » !

Le paddock de Formule 1 a connu son lot de drames, mais peu de sagas ont autant marqué les esprits que la chute de Christian Horner, l’ancien patron de Red Bull. Habitué des conférences de presse, Horner se proclame gardien de « l’esprit de la course » et était aussi souvent l’antagoniste que le protagoniste lorsqu’il traitait avec le patron de Mercedes, Toto Wolff, dans les forums publics.

Après des mois de silence, l’épouse de Toto Wolff, ancienne pilote de course et actuelle haute responsable de la FIA, Susie Wolff, a enfin rendu son verdict depuis le départ de Horner, et celui-ci frappe comme une aile flexible Red Bull illégale dans le parc fermé. Selon la responsable de la FIA F1 Academy, la chute de Horner était « une honte pour le sport », mais qu’en est-il de l’homme lui-même ? « Un véritable acteur, et il a très bien joué. »

C’est une déclaration qui tranche avec la politesse corporative de la Formule 1 moderne, comme une note de conformité affûtée de la FIA. Les gants sont jetés, les caméras tournent et la machine à pop-corn de la F1 Fanzone tourne à plein régime.

L’ascension et la chute soudaine de l’homme fort de Red Bull

Pendant deux décennies, Christian Horner a été le protagoniste du feuilleton le plus réussi de la Formule 1 à Milton Keynes. Il est arrivé en 2005 avec un sourire enfantin, un bloc-notes et un rêve, et lorsque le générique a défilé en 2024, il avait remporté six titres de constructeurs et huit championnats de pilotes, se forgeant une réputation qui aurait pu alimenter toute une saison de Drive to Survive.

Mais la fin est arrivée rapidement. Après des mois de troubles internes et une enquête qui faisait passer « Succession » pour un divertissement léger, Horner a été licencié peu après le Grand Prix de Grande-Bretagne.

Le communiqué de presse de Red Bull était si bref qu’il aurait pu s’agir d’un message radio adressé à Max Verstappen depuis le GP. L’homme qui dirigeait autrefois l’équipe la plus dominante de ce sport appelait soudainement des avocats à la place.

Bien qu’il ait été innocenté à deux reprises pour comportement inapproprié envers une employée, d’abord par un enquêteur indépendant, puis en appel, la boue refusait de partir.

Certains affirment que l’image de Red Bull en a souffert, les fans ont débattu sans fin de la moralité de la situation, et d’autres ont affirmé que les sponsors avaient développé une « fatigue d’alignement de marque ». En septembre, l’empire des boissons énergisantes avait discrètement confirmé que Horner avait été racheté pour environ 100 millions de dollars. Une tournée d’adieu coûteuse, même selon les standards de la Formule 1.

L’avis de Susie Wolff : « Une performance digne d’un Oscar »

La directrice de la F1 Academy, toujours mesurée, a finalement rompu son silence dans le Sunday Times. Son verdict était à la fois diplomatique et démolisseur.

« Christian a soutenu la F1 Academy, et je lui en serai toujours reconnaissante », a-t-elle déclaré, marquant une pause juste assez longue pour laisser entrevoir ses intentions.

« Mais tout ce drame autour des allégations a été une véritable honte pour le sport. Nous étions enfin en train de prendre de l’élan avec la F1 Academy, et soudain, tout le monde ne voulait plus parler que de son scandale. »

Si le monde du sport automobile avait l’équivalent des Oscars, Wolff aurait peut-être nominé Horner pour le prix de la « meilleure performance en situation de crise », compte tenu de la durée de son mandat pendant les enquêtes.

« Il a très bien joué son rôle », a-t-elle déclaré, ajoutant que l’incident « n’avait pas été bénéfique pour l’image du sport ».

C’était le genre de compliment ambigu que seule l’élite de la Formule 1 peut faire, l’équivalent verbal d’un sourire narquois.

Les retombées : un paddock sans son « méchant »

Avec le départ de Horner, Red Bull a dû se reconstruire. Laurent Mekies a pris la relève, apportant un ton nettement moins théâtral aux procédures. Finies les disputes publiques, les sourires narquois et les petites phrases médiatiques. La nouvelle ère de Mekies était placée sous le signe de la « stabilité technique », code de la Formule 1 pour « plus de scandales, s’il vous plaît ».

Mais malgré le calme interne, il manquait quelque chose. La Formule 1 sans Christian Horner, c’est comme Monaco sans embouteillages : plus propre, certes, mais indéniablement moins divertissant. Les conférences de presse ont perdu leur côté dramatique, les mèmes Toto vs Christian se sont taris et les producteurs de Drive to Survive auraient été vus arpentant le paddock avec désespoir, serrant dans leurs mains des scripts portant la mention « À réécrire d’urgence : pas de méchant ».

Quand Bernie Ecclestone parlait d’un championnat 100% féminin

Nous sommes en mars 2015, il y a 10 ans, et quelques jours après le lancement de la saison de Formule 1. Les Grands Prix d’Australie et de Malaisie viennent de se disputer, remportés respectivement par Lewis Hamilton (Mercedes) et Sebastian Vettel (Ferrari).

Bernie Ecclestone admettait alors penser qu’une série distincte pour les femmes pilotes serait bénéfique pour le sport.

Comme toujours, il était difficile, au vu des sorties précédentes de l’homme d’affaires alors âgé de 84 ans, de savoir si l’homme de 84 ans si celui-ci jouait avec les médias ou s’il est très sérieux. Beaucoup suggéraient alors, connaissant les convictions profondes du Britannique à ce sujet, qu’il suggérait-là une idée qu’il jugeait lui-même scandaleuse et n’ayant aucune chance d’être matérielle tout en se préparant à faire passer une autre idée tout aussi « ridicule » qui, elle…passerait !

Rappelons qu’Ecclestone parlait également à l’époque de doubler les points des trois dernières courses de la saison, envisageait des courses sur piste humide ainsi que l’attribution de points pour les qualifications.

« J’ai pensé que ce serait une bonne idée de leur donner une vitrine », avait-t-il déclaré dans les colonnes du Daily Telegraph. « Pour une raison quelconque, les femmes ne se manifestent pas, et ce n’est pas parce que nous ne les voulons pas. Bien sûr que si, car elles attireraient beaucoup d’attention et de publicité et probablement beaucoup de sponsors. »

Les rares femmes pilotes se disaient majoritairement désireuses de réussir en F1 et de rivaliser avec les hommes sur un pied d’égalité, et trouvaient donc l’idée d’une série distincte dégradante et condescendante.

C’était clairement l’avis de Susie Wolff, qui tentait de se frayer un chemin vers un baquet de titulaire en F1, bien aidée en cela par son époux Toto, alors actionnaire influent chez Williams, où elle occupait le poste de pilote d’essais. « Ce n’est certainement pas la bonne voie à suivre », estimait-elle en réponse. « Tout d’abord, je ne sais pas où vous trouveriez un plateau complet de pilotes féminines suffisamment bonnes », admettait-elle. « Deuxièmement, j’ai fait toute ma carrière de pilote automobile en tant que concurrent normal. Pourquoi chercherais-je une course où je ne serais en compétition qu’avec des femmes ? Je peux dire en toute sincérité que cela ne m’intéresserait pas du tout de gagner une telle course. Je préférerais ne pas participer à la course, car qu’est-ce que je gagnerais ? Une course où ils ont juste cherché n’importe quelle fille pour constituer une grille… »

Aujourd’hui, Susie Wolff dirige le projet F1 Academy, un championnat de niveau F4 soutenu par la F1 et composée d’une grille exclusivement féminine.

Toto Wolff nie les rumeurs de candidature de sa femme à la FIA

Toto Wolff a minimisé les rumeurs selon lesquelles sa femme Susie pourrait se porter candidate à la présidence de l’instance dirigeante de la Formule 1.

La controverse enfle depuis un certain temps autour de l’actuel président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, dont le patron et copropriétaire de l’écurie Mercedes, Toto Wolff, est l’ennemi déclaré.

Toto et Susie Wolff, à la tête de la F1 Academy, un championnat exclusivement féminin soutenu par le promoteur Liberty Media, se sont heurtés amèrement à Ben Sulayem en 2023, lorsque ce dernier a lancé une enquête de courte durée sur de possibles conflits d’intérêts du couple Wolff.

Susie Wolff avait alors qualifié l’enquête « d’intimidante et misogyne », le magazine italien Autosprint estimant même qu’il s’agissait d’une attaque préventive de Ben Sulayem, conscient des ambitions présidentielles de Mme Wolff. Les élections de la FIA se tiendront en décembre, et le champion du monde 1996 Damon Hill pense que Susie Wolff serait « parfaite » pour le poste.

Toutefois, lorsqu’on lui a demandé si ces rumeurs étaient fondées, son mari Toto Wolff, directeur de l’équipe Mercedes, a déclaré cette semaine à l’émission Sport am Sonntag de l’ORF : « Non, pas que je sache. Pas que je sache ! Susie est une entrepreneuse. Quelqu’un a lancé cette rumeur pour faire du bruit ».

L’Autrichien admet cependant que lui et le président de la FIA ne s’entendent pas très bien.

« Nous avons des points de pression sur lesquels nous ne sommes pas d’accord », a-t-il déclaré dans cette même émission. « Sur d’autres points, par exemple les jurons, nous sommes largement d’accord. Nous sommes un sport de gentlemen et nous donnons l’exemple. Les enfants ne devraient pas entendre nos pilotes jurer tout le temps ».