Comment la Formule 1 génère-t-elle ses revenus ?

Vous entendez régulièrement que la Formule 1 se porte mieux depuis la reprise par Liberty Media et qu’elle traverse même un âge d’or en termes de rentabilité. Les revenus des équipes sont fortement influencés par ceux du promoteur de la discipline : intéressons-nous donc à la manière dont la Formule 1 génère ses revenus en 2025. Contrairement à de nombreuses idées reçues, la vente de billets est loin, très loin d’être la principale source de revenus pour les promoteurs.

Les données financières communiquées par la F1 et SportsPro permettent de distinguer quatre grands secteurs de revenus pour la Formule 1.

  1. Les frais de promotion des courses

Cette catégorie représente 29% des recettes. Chaque Grand Prix, à l’exception de la course du Grand Prix de Las Vegas de Formule 1, qui appartient directement à la F1, est organisé par des promoteurs qui paient des frais substantiels à la F1 pour avoir le droit d’organiser et commercialiser les courses.

Ces contrats prévoient souvent des indexations annuelles, même si les contrats sont signés sur du très long terme. Ainsi, un deal passé pour une dizaine d’années suit le cours de l’indexation prévue, ce qui assure à la F1 des revenus prévisibles et stables par rapport au « coût de la vie ».

  1. Droits médiatiques

Cette catégorie représente 33% des recettes. Les contrats de diffusion avec des réseaux comme ESPN aux États-Unis et Sky Sports au Royaume-Uni constituent la plus grande part des revenus de la F1 et demeurent le véritable nerf de la guerre, en dépit de tout ce que l’on peut entendre sur la place de la télévision dans le monde depuis l’essor des plateformes de diffusion de contenu. En réalité, ces nouveaux canaux de diffusion représentent même de nouvelles opportunités de développement commercial pour la F1, qui doit s’ouvrir à celles-ci tout en maintenant un habile équilibre et laissant aux diffuseurs payant grassement les droits une certaine notion d’exclusivité.

  1. Parrainage et sponsoring

Cette catégorie représente 19% des recettes de la F1. Il s’agit-là d’un secteur qui augmente très sensiblement sous l’initiative de Liberty Media. Avec les nouveaux accords passés avec les teams, il est devenu plus facile pour la FOM d’être en « concurrence » avec les équipes elles-mêmes au moment de tenter de signer de très grosses multinationales ou de proposer de nouveaux produits très visibles et rémunérateurs, sans toutefois heurter les teams qui visent ces mêmes cibles. Et pour cause : il peut être plus intéressant pour les équipes de récolter une « petite part du grand gâteau » que génère Liberty media plutôt que de dévouer des ressources importantes à la chasse à certains sponsors volatiles et exigeants. 

Des marques mondiales telles que LVMH, Salesforce et Aramco investissent massivement pour s’aligner sur l’image glamour de la F1. Ces partenariats vont de la publicité en bord de piste aux collaborations exclusives sur des éléments visuels ou des expériences nouvellement créés sur les Grands Prix. Cette dynamique de sponsoring évoque par bien des aspects l’univers du casino en ligne argent réel, où l’image, la visibilité et la rentabilité sont également au cœur des stratégies commerciales.

  1. Autres sources de revenus

Cette catégorie représente 19% des recettes. Ce fourre-tout est lui aussi très important. Il comprend les packages d’hospitalité du Paddock Club (expériences VIP, pouvant coûter près de 100 fois le prix d’un billet en enceinte générale), mais aussi les revenus issus des séries de soutien telles que la Formule 2, la Formule 3, la F1 Academy, le licensing sur les marques ainsi que divers services auxiliaires allant jusqu’à la vente d’objets de collection ou le naming sur le drapeau à damier.

 

Never say Nevers… Quand la France devait abandonner son Grand Prix en 2009

Le 15 octobre 2008, Nicolas Deschaux, président de la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA), promoteur du Grand Prix de France, s’était trouvé contraint d’annoncer l’annulation du Grand Prix de France 2009 en raison de « problèmes économiques ».

« Après examen de la situation économique, la FFSA va cesser d’être le promoteur financier d’un Grand Prix de Formule 1 », avait-t-il ainsi déclaré.

L’avenir de l’épreuve était menacé, et la surprise avait été grande lorsque Magny-Cours avait obtenu un sursis, même si celui-ci n’était que pour un an.

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La F1 chez Mickey ?

Bernie Ecclestone, le grand patron de la F1, n’avait de son côté jamais caché qu’il souhaitait que la course soit déplacée vers des lieux plus « exotiques », à savoir les rues de Paris, bien que plusieurs autres sites aient été mentionnés au cours de l’année passée à chercher une solution. On avait ainsi vu émerger des plans de tenue d’un évènement F1 à Disneyland Paris, un projet à Gonesse (Plaine de France) et un autre près de Disneyland baptisé Paris Motorspace (Domaine de Ferrières). Enfin, Sarcelles avait également été envisagé (sur le Pôle Val de France). Sans oublier Magny-Cours lui-même, qui disposait en l’état de ce qu’il fallait, à part des fonds, pour organiser un GP tricolore.

Cela dit, la FOM a très rapidement estimé que Disneyland, tant par le projet, les soutiens derrière celui-ci et la retombée possible, était la seule option véritablement viable. Quelque chose que Nicolas Deschaux admettait lui-même volontiers en prenant la parole publiquement : « Le seul projet capable de se mettre en place en 2010 est le projet Paris Val d’Europe (Disney Marne-la-Vallée) ».

Cependant, le projet Disneyland s’était très rapidement heurté à l’opposition d’une association de riverains. D’autres obstacles importants restaient à franchir avant que Disney ne donne son feu vert.

La FFSA, promoteur de l’événement lors des dernières années avant cet abandon, admettait ne plus pouvoir justifier les pertes encourues et ne plus être disposé à les financer. Les teams, eux, ne poussaient pas particulièrement non plus pour rester coûte-que-coûte en France : l’interdiction, notamment, des affichages publicitaires pour les cigarettiers ou encore les marques d’alcool rendait d’autres contrées autrement plus attirantes souhaitant intégrer le calendrier autrement.

Magny-Cours n’a par ailleurs jamais réellement gagné le cœur des fans, des équipes ou des pilotes. Mais l’annulation de l’événement signifiait bien que le calendrier 2009 serait réduit à 17 courses, Montréal, au Canada, dont le GP 2008 fut aussi le dernier à date, ne parvient pas non plus à faire son retour en 2009.

« Les stupides Américains » ont réussi à mettre en place un plafond des coûts en F1

Greg Maffei, le PDG de Liberty Media – les détenteurs des droits commerciaux de la F1 – a salué les réalisations de Chase Carey – ancien PDG de la Formule 1 jusqu’en 2020 – au cours des trois dernières années.

Lorsque Liberty Media a racheté les droits commerciaux de la Formule 1 en 2017, certains observateurs n’ont pas hésité à dire que de « stupides Américains » allaient reprendre la catégorie reine dirigée depuis plusieurs décennies par l’indéboulonnable Bernie Ecclestone, finalement contraint à prendre sa retraite avec l’arrivée de Liberty Media.

Mais Greg Maffei a tenu à saluer le travail réalisé par Chase Carey au cours des trois dernières années en F1, notamment le fait que l’Américain a réussi à « normaliser » la relation entre les équipes de F1 et la direction de la discipline après plusieurs années marquées par différentes querelles.

« Bernie Ecclestone et Max Mosley ont tenté d’introduire un plafond budgétaire après la crise financière de 2008, mais ils n’y sont pas parvenus. » a rappelé Greg Maffei lors d’une conférence téléphonique avec les analystes de Wall Street.

« Nous étions considérés comme les stupides Américains qui reprennent le sport, on s’est moqué de certains plans, nous avons été critiqués pour cela. Chase et son équipe l’ont fait, et ils méritent tout le crédit pour cela. »

« Chase a fait un travail fabuleux, en changeant le ton du sport et en le dirigeant dans la bonne direction. Le nouvel accord Concorde avec le plafond budgétaire était très important. »

« Le travail de Chase n’a certainement pas été facile. Parfois, je me sentais coupable de lui avoir donné ça. Et puis il a dû se précipiter dans le monde entier pour négocier avec des chefs d’équipe obstinés.« 

« Mais il y a un combattant et un arbitre au cœur de Chase. Il a réussi à normaliser la relation traditionnellement empoisonnée entre la direction de la Formule 1 et les équipes de course. »

« Pour qu’on se comprenne bien: Bernie Ecclestone avait construit la Formule 1 depuis les années 1970, et pour cela il mérite le plus grand respect. »

« Mais il n’y avait aucune vision pour l’avenir. Et nous nous sommes rendu compte que l’atmosphère entre les ayants droit, les équipes de course et les organisateurs de course était marquée par des querelles et des mauvaises humeurs. »

« Cela a changé. Le sport est plus au diapason aujourd’hui parce que nous avons pu le dire clairement à toutes les personnes impliquées – pour que le sport s’épanouisse, nous devons tous nous unir. »

« Chase était la force motrice. Il est le père du nouvel accord Concorde. Chase est resté avec nous en tant que président non exécutif, et j’en suis très heureux. »

Depuis le début de cette année, c’est l’Italien Stefano Domenicali qui est désormais PDG de la Formule 1, tandis que Chase Carey a pris un peu de recul et occupe le rôle de président non exécutif.